Glyphosate dans les rivières : l’hypothèse d’une contamination par les lessives via les eaux usées traitées

Une étude allemande conclut que la source dominante de glyphosate présent dans les eaux de surface ne serait pas due aux applications d’herbicide mais au rejet, via les eaux usées traitées, de résidus de lessive, dont l’AMPA, métabolite commun au glyphosate et aux détergents utilisés en Europe.

En Europe, des niveaux de concentrations en AMPA (acide aminométhylphosphonique), le principal métabolite du glyphosate, relativement constants au fil de l’année dans les rivières réceptrices des usées traitées en stations de traitement. Aux Etat-Unis, des pics de concentration en AMPA correspondant aux périodes d’application de l’herbicide. En Europe, des lessives intégrant des anti-tartre à base d’aminopolyphosphonates, précurseurs de l'AMPA. Aux Etats-Unis, des lessives exemptes de tels anti-tartre. Tels sont les éléments sur lesquels se fonde une étude de l’université de Tübingen (Allemagne), publiée dans la revue Water Research le 23 juillet dernier, pour pointer une autre source potentielle de contamination des eaux de surface par le glyphosate, ou plus exactement son métabolite AMPA.

Concentration comparée des eaux de rivières américaine et européenne en AMPA, métabolite du glyphosate mais aussi des anti-tartre présents dans les lessives vendues en Europe (Source : Université de Tübingen)
Concentration comparée des eaux de rivières américaine et européenne en AMPA, métabolite du glyphosate mais aussi des anti-tartre présents dans les lessives vendues en Europe (Source : Université de Tübingen)

La méta-analyse, qui repose sur l’examen des données des eaux de surfaces entre 1997 et 2023 sur un total de 100 sites d’échantillonnage, exclut l’hypothèse d’un usage urbain ou non professionnel du glyphosate. « Les données américaines révèlent des impulsions de glyphosate et d’AMPA lorsque le débit de la rivière est élevé, ce qui indique probablement une mobilisation par la pluie après l’application d’herbicide, lit-on dans l’étude. En revanche, les profils de concentration européens de glyphosate et d’AMPA montrent une composante cyclique-saisonnière typique dans leurs profils de concentration, en corrélation avec les profils de marqueurs des eaux usées tels que les produits pharmaceutiques, ce qui est cohérent avec la détection fréquente de ces composés dans les stations d’épuration des eaux usées ».

La publication rappelle que l’importance des sources urbaines de glyphosate et d’AMPA a déjà fait l’objet d’études, notamment aux Pays-Bas. « Nous pouvons supposer que les aminopolyphosphonates sont la source dominante d'AMPA », conclut l’étude.