Influenza aviaire : 6 mois, 47 millions de vaccins et ...10 foyers (seulement) plus tard

Conjuguée au renforcement des mesures de biosécurité et à une faible pression virale, la vaccination contre l’Influenza aviaire a pris sa part au quasi-effacement de l’épizootie cette saison. Une singularité que la France compte rééditer à l’automne, malgré les réticences d’une « poignée » de pays importateurs de foie gras et de génétique.

La saison en cours pourrait mettre fin au cycle infernal de quatre épidémies successives et massives d’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), qui ont décimé en cumulé des dizaines de millions de canards et de volailles, coûté plus de 2 milliards d’euros, traumatisé des milliers d’éleveurs et fait courir un risque existentiel aux filières œuf, chair, foie gras, sous l’effet la contamination des couvoirs et des élevages de reproducteurs. L’Anses avait de son côté estimé que l’IAHP n’était pas exempte d’un risque de zoonose. Cependant, l’emploi du conditionnel s’impose car l’expérience vécue en 2021-2022 a démontré que le virus était capable de reflamber en début de printemps.

10 foyers contre 315

En attendant le bilan épidémiologique de l’Anses, le ministère de l’Agriculture use de la même sagesse dans son bilan provisoire en date du 2 avril, et qui marque les 6 mois de campagne vaccinale ciblant les élevages de canards, espèce la plus sensible au virus. « La bonne organisation de la vaccination a contribué, en concordance avec une bonne application des mesures de biosécurité et une pression virale plus faible que les années précédentes, à réduire de manière très significative le nombre de foyers d'IAHP. Seuls 10 foyers ont été détectés depuis l’automne 2023, contre 315 sur la même période l’an passé », détaille-t-il dans un communiqué.

Quelques pays encore réfractaires

Le recours à la vaccination représentait un défi autant logistique que géopolitique, la France étant le seul pays à explorer cette voie, non sans avoir obtenu le feu vert de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). Le risque d’une fermeture des frontières, de la part de pays rétifs, pas tant à la vaccination à l’innocuité vis-à-vis de l’Homme scientifiquement prouvée, qu’au risque d’introduire sur leur territoire un virus masqué par le vaccin, était parfaitement identifié par les autorités, qu’elles ont tenté de déjouer en usant de « diplomatie sanitaire ».

« La circonspection initiale de certains observateurs internationaux a progressivement été levée, relève le ministère. Les incidences de la campagne vaccinale française sur l’exportation de canards sont restées très limitées, seule une poignée de pays ayant fermé ou suspendu l’accès à leur marché, en attendant de finaliser leurs analyses de risque ». Il s’agit en l’occurrence du Japon, des États-Unis, du Canada, de la Thaïlande, du Chili et du Royaume-Uni.

La vaccination reconduite à l’automne prochain

La France compte poursuivre sa « diplomatie sanitaire », y compris dans le périmètre européen, avec un point d’information programmé fin avril avec la Commission européenne et les États membres. Et se prépare à la prochaine campagne vaccinale, comptant d’ici là mener à son terme la campagne en cours, ciblant 60 millions de canards à raison de deux doses, moyennant un budget de 100 millions d’euros, assumé par l’Etat à hauteur de 85%. En date du 2 avril, plus de 26 millions de canards ont reçu une première injection de vaccin, et plus de 21 millions une seconde.