"J'adore mon métier d'éleveur, mais à 55 ans, j'ai envie de faire autre chose"

{TRANSMISSION} À 55 ans Georges Marhic, éleveur laitier installé en Gaec en Vendée, se dirige sereinement vers sa cessation d’activité d’exploitant agricole. L’année 2024 marquera la fin de sa carrière d’éleveur et le début d’une nouvelle vie professionnelle. Pour le Gaec, ce sera aussi un renouveau avec l’arrivée de Charlie, 25 ans.

Sa décision en a surpris plus d’un dans son voisinage de Venansault, au cœur du bocage vendéen. Georges Marhic, éleveur
laitier, âgé de 55 ans s’apprête à transmettre son exploitation à Charlie, 25 ans. « Je suis prêt. Je trouverai un autre métier pour finir ma carrière. J’ai été éleveur pendant près de 30 ans, j’ai encore 9 ans à travailler et j’ai envie de faire autre chose ».
Sa « cessation anticipée » est le fruit d’un long cheminement, fait de réflexions sur son parcours et ses envies, de discussions avec son actuel associé et avec son futur repreneur, et aussi de formations.

D’une opportunité d’installation à une opportunité de transmission

« Je n’ai pas toujours été éleveur », retrace Georges Marhic. « J’ai été technicien légumes dans une coopérative bretonne pendant quelques années. En 1996, j’ai saisi l’opportunité de m’installer sur l’exploitation de mes ex-beaux-parents. C’est là que j’ai appris le travail avec les vaches. C’est un métier que j’ai choisi. Je ne le quitte pas car j’en ai marre, je le quitte parce que j’ai envie de faire autre chose.» 

Cette envie d’aller « voir ailleurs », est née d'une rencontre. Charlie. « Un jeune passionné et sérieux », qui a réalisé son apprentissage en bac pro CGEA à la ferme, entre 2015 et 2018. « Il a émis le souhait de s’installer et il s'entendait bien avec Hugo, mon associé », explique Georges. Cette opportunité, Georges ne la saisit pas tout de suite. « Je n’étais pas prêt ». Mais l’idée fait son chemin. Georges réfléchit à la suite : « Nous sommes dans un Gaec dimensionné pour deux avec 125 ha, 800 000 l de lait et 80 vaches. Mon associé s’est installé en 2012 et il va arriver au bout du remboursement de ses prêts de jeune agriculteur en 2024. C’est la fin d’un cycle et c’est un bon moment pour installer un jeune pour donner un nouvel élan à l’exploitation ».

Un projet qui s’anticipe

Georges se lance alors dans l’aventure : pour mieux se préparer, il suit une formation collective sur la transmission proposée par la chambre d’agriculture durant l’hiver 2022-2023. « Je voulais anticiper, avoir une vue d’ensemble sur les différents points de vigilance ». Sur le département de Vendée, ce type de formation se tient chaque année. Quatre journées réparties durant l’hiver avec un rendez-vous individuel. « Les échanges étaient fluides et ça fait du bien de voir des situations différentes, cela aide tout le monde à s’exprimer, c'est stimulant et amical ». Durant ces quatre jours les futurs cédants suivent des interventions de différents experts : juridique, foncier, bancaire, fiscaliste, MSA… « Quelle que soit la raison qui peut amener à une cessation ou à une transmission, il faut se préparer. Anticiper, caler tous les rendez-vous… Avoir des conseils de spécialistes, c’est plus efficace et plus pertinent que ceux des voisins ou de l’entourage ».

"mon choix bouscule un peu les gens ». "

Préparer la reconversion

Après cette formation, Georges suit une session de la MSA « Continuer en agriculture ou se reconvertir ». Il est le seul de son groupe à envisager une cessation anticipée non subie. Cela lui permet aussi d’échanger avec d’autres agriculteurs, de se tenir au courant de tous les dispositifs d’accompagnement à la reconversion qui existent. Parmi ceux-ci, il choisit notamment de réaliser un bilan de compétences, qu'il suit actuellement. Cette série de rendez-vous sur trois mois avec une psychologue lui permet de faire le point. « J’apprends à me connaître. J’ai compris que je savais faire autre chose que traire des vaches et que des portes me seront ouvertes ». Georges Marhic n’est pas encore décidé quel métier il pourrait exercer : conseiller agricole, formateur ou peut-être tout autre chose : « pour le moment je regarde les offres d’emploi et j’appelle les organismes pour savoir s’ils seraient intéressés par un profil comme le mien ».
Georges Marhic est toujours agriculteur, associé à Hugo. Tous deux accueillent Charlie en stage de parrainage depuis le 1 er janvier 2024 et jusqu’au 1 er janvier 2025, date à laquelle Georges lui cédera ses parts dans le Gaec. « Charlie est toujours « à fond » dans son projet d’installation. Et moi, je suis serein, heureux de savoir que l'activité va perdurer".