Jaunisse de la betterave : les kairomones Agriodor déployées sur 500 ha

Par son effet répulsif, le produit de biocontrôle réduit d’au moins 50% les populations de pucerons vecteurs de la jaunisse selon Agriodor. Pas encore homologué, le produit est déployé à titre expérimental, sur fond de risque « élevé » de jaunisse, selon l’Institut technique de la betterave.

Le ministère de l’Agriculture a décidé d’autoriser, à titre expérimental, l’usage des kairomones Agriodor sur une surface de 500 hectares de betteraves sucrières. « Notre solution réduit la population de pucerons dans des proportions comprises entre 50% et 70% », affirmait Ene Leppik, co-fondatrice d’Agriodor, lors du salon Betteravenir en octobre dernier dans la Somme.

Camille Delpoux (à gauche) et Ene Leppik, co-fondatrices d’Agriodor, premier laboratoire européen d’écologie chimique
Camille Delpoux (à gauche) et Ene Leppik, co-fondatrices d’Agriodor, premier laboratoire européen d’écologie chimique

Les kairomones sont des molécules odorantes qui ont un effet répulsif sur les pucerons et qui peuvent diminuer les niveaux d’infestation, et ainsi retarder le moment où les traitements insecticides sont nécessaires. La solution Agriodor se présente sous formes de granulés distribués au moyen d’un épandeur de type anti-limaces.

Avec le semis de plantes compagnes et la suppression des réservoirs viraux liés aux repousses et aux couloirs de déterrage, l’application de répulsifs constitue une des solutions combinatoires de nature à juguler les attaques de jaunisse, avec le renforcement de l’épidémiosurveillance, en attendant le renfort des variétés tolérantes.

Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau sous la tente du PNRI au salon Betteravenir 2023 en octobre dernier dans la Somme
Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau sous la tente du PNRI au salon Betteravenir 2023 en octobre dernier dans la Somme

La technique fait partie de la boite à outils du Plan national de recherche et innovation (PNRI) mis sur pied en 2020 après l’attaque massive de jaunisse ayant amputé la récolte de 30%, deux ans après l’interdiction des néonicotinoïdes enrobés, et non sans résultat prometteurs. En décembre dernier, le ministère de l’Agriculture a décidé de poursuivre l’effort de recherche en lançant le PNRI-2, doté de 4 millions d’euros.

La décision d’autoriser les kairomones Agriodor à titre expérimental et dérogatoire intervient dans un contexte épidémiologique favorable aux pucerons, l’Institut technique de la betterave ayant jugé le risque « élevé » pour la campagne en cours. Le 5 avril dernier, le ministère de l’Agriculture accordait une dérogation de 120 jours au Movento (spirotétramate), afin de renforcer les moyens de lutte insecticide contre les virus vecteurs de la jaunisse de la betterave. Mais le ministère n’a pas accédé à la demande des betteraviers d’autoriser l’usage de l’acétamipride, un néonicotinoïde foliaire autorisé dans une dizaine de pays européens.