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[l'eau] L’aboutissement d’un travail collectif, 36 exploitations agricoles concernée
La qualité de l’eau des captages des Gâtineaux et de Gros Caillou peut être qualifiée d’exemplaire. C’est pour cette raison que la présidente de Région y a fait un déplacement.
Dans le Pays de Retz, voilà plusieurs années que les agriculteurs ont pris à bras le corps le sujet de la qualité de l’eau. Et les résultats sont probants sur le périmètre des captages prioritaires des Gâtineaux et de Gros Caillou* situés sur les communes de Pornic et Saint-Michel-Chef-Chef en Loire-Atlantique.
En 2016, le taux de métolachlore ESA dans l’étang des Gâtineaux atteignait presque deux microgrammes par litre. Depuis 2020, ce taux est en-deçà de 0,1 microgramme par litre. Quant au taux de nitrate, il ne dépasse pas 10 mg/l. « Il faut quand même noter que tout ce qui arrive dans la mer est globalement très bon : dans la baie de Bourgneuf, le taux de nitrate tourne autour de 30 mg/l quand la directive impose une concentration maximale admissible de 50 mg/l », relève Jean-Michel Brard, maire de Pornic, président de Pornic agglo et d’Atlantic’eau.
La surface totale du périmètre de protection de captages est de près de 3 100 ha. « Après le travail du monde agricole, il n’y a plus eu de résidus de métolachlore. Pour autant, on n’a pas changé nos pratiques ! On a fait plus attention », témoigne Patrick Prin, ancien président de l’antenne du Pays de Retz de la chambre d’agriculture, lors d’un déplacement de la présidente de la Région, Christelle Morançais, ce mardi 19 mars à Saint-Michel-Chef-Chef.
L’eau, une assurance pour l’élevage
C’est dans la ferme de Xavier et Thomas Ferré (cousins), le Gaec les Rochers bleus, qu’a eu lieu cette visite. Xavier Ferré est président de l’association Agri Eau Val Saint-Martin créée en 2022 et regroupant une quarantaine d’exploitations agricoles. « L’idée de cette association, dont le modèle est basé sur celles de Saffré et Nort-sur-Erdre, est de s’unir par rapport aux éventuelles interdictions de produits phytosanitaires et d’avoir une parole lors des réunions avec Atlantic’eau », explique l’éleveur de vaches laitières et de vaches allaitantes. Ce secteur bocager est animé par l’élevage. Et l’eau est une assurance pour le maintien de cette activité. Alors les agriculteurs du territoire demandent que cette ressource, précieuse, puisse être stockée. Une attente d’autant plus pertinente qu’un GIEE de huit exploitations est en construction pour la production d’un soja local ; une culture qui demande de l’eau en été...
Une agriculture en mouvement
Cette ressource est un enjeu capital pour tous. C’est pourquoi la Région a lancé en 2023 un plan d’actions pour sa gestion (qualité et quantité). « Cette responsabilité est collective : les industriels, les collectivités, les agriculteurs mais aussi nos concitoyens avec des gestes du quotidien. À aucun moment, nous n'avons voulu pointer du doigt telle ou telle profession. Dans ce plan doté de 144 millions d’euros, 70 actions concrètes ont été définies », affirme la présidente de Région. La Région souhaite notamment accompagner la réduction de 60 % des produits phytosanitaires, lancer des expérimentations « Territoires zéro phyto » autour des points de prélèvements d’eau prioritaires, assurer la plantation de 150 km de haies supplémentaires par an ou encore financer du matériel d’irrigation agricole permettant d’optimiser l’usage de l’eau.
Les agriculteurs ont toujours été proactifs et n’ont pas attendu les restrictions pour agir. Certains, soutenus par des entreprises du Pays de Retz (une aide de 35 €/ha pour une intervention de désherbage mécanique), ont même développé le binage du maïs. « C’est bien la preuve que l’agriculture est en mouvement notamment sur les zones de captages. La prise de conscience existe bel et bien. Ces évolutions de pratique se font avec des agriculteurs volontaires et avec la mobilisation des acteurs locaux pour développer la confiance et la transparence. Mais, quand on change les règles du jeu, il faut aussi un accompagnement pour que les agriculteurs puissent continuer de vivre de leur production. À nous d’être créatifs collectivement pour accompagner cette mutation nécessaire », soutient Christophe Sablé, président de la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique.
*Ces deux étangs servent pour l’alimentation en eau potable du territoire.