L’eau manque, le « plan eau » arrive

[Edito] A l’approche de la journée mondiale de l’eau, le 22 mars, le gouvernement doit présenter un « plan eau », dans un contexte de sécheresse toujours présente en France, malgré les récentes précipitations qui ont permis de ré-humidifier les sols çà et là. Mais la situation demeure critique dans plusieurs départements.

Après la plus longue série de jours consécutifs sans précipitations (du 21 janvier au 21 février), la pluie a fini par faire son grand retour en France. Les récentes précipitations ont permis de ré-humidifier les sols de façon importante : les sols sont revenus à une situation normale pour la saison, du moins en moyenne. Mais dans le détail, les situations sont très contrastées. Les sols sont toujours plus secs que la normale sur une large partie du pays : en Normandie, en Ile-de-France, dans le Grand-Est, en Bourgogne-Franche-Comté et en Auvergne-Rhône-Alpes. La situation est encore plus critique sur le pourtour méditerranéen. En Languedoc-Roussillon, la sécheresse des sols est comparable à une situation de début juin, selon Météo-France. En PACA, les sols restent remarquablement secs, comparables à une situation normale fin mai.

Faibles réserves

Outre les sols, les autres grands réservoirs naturels d’eau que sont la neige et les nappes souterraines sont également dans une piètre situation. L’enneigement est très déficitaire sur les Pyrénées et le Massif central, et exceptionnellement déficitaire sur les Alpes. Or, l’épaisseur du manteau neigeux à cette période de l’année permet d’anticiper le niveau d’alimentation des cours d’eau en période de fonte à la fin du printemps et au début de l’été. Quant aux nappes phréatiques, leurs niveaux sont sous les normales mensuelles, avec 80% des niveaux modérément bas à très bas. La plupart des secteurs affichent des niveaux nettement inférieurs à ceux de février de l’année dernière.

Au 17 mars, 18 arrêtés de restriction d’eau étaient déjà en vigueur en France. Quatre départements sont en alerte renforcée : l’Ain, les Bouches-du-Rhône, le Var et les Pyrénées-Orientales, département où le niveau de sécheresse des sols est record. A Perpignan, les producteurs en sont rendus à implorer la pluie auprès de Saint Gaudérique, le patron des agriculteurs catalans. Avec des hivers de plus en plus doux et secs, la solution visant à « stocker l’eau l’hiver pour la réutiliser l’été » prend du plomb dans l’aile, et les crispations autour des bassines de rétention d’eau risquent de demeurer vives dans les mois et les années à venir.

D’ici quelques jours, le gouvernement doit présenter un « plan Eau », fruit des travaux lancés en septembre mais dont la présentation prévue fin janvier avait été reportée. Mot tendance, la « sobriété » devrait évidemment être mis en avant, sur le modèle de la « sobriété énergétique » prônée depuis le début de la guerre en Ukraine. Mais quels grands axes de gestion de l’eau seront priorisés ? La question est d’autant plus cruciale qu’elle rassemble l'enjeu de la souveraineté alimentaire (notamment pour les fruits et légumes) et celui de l’adaptation au changement climatique.