L'enseignement agricole cultive ses spécificités

Depuis deux semaines, près de 216 500 élèves ont repris les cours dans un établissement de l’enseignement agricole. Ils y suivent des formations variées, de la 4e au doctorat, mais avec toutes un point commun : elles sont en lien avec le vivant. Focus sur quelques spécificités et quelques nouveautés de l'enseignement agricole français.

Il est le second système éducatif en France

La France compte 806 établissements scolaires dépendant de l'enseignement agricole, compétence du ministère de l'Agriculture et de l’Alimentation. Dans le détail, il s'agit de 217 lycées agricoles publics, 368 maisons familiales rurales, 210 lycées agricoles privés et 11 centres médico-éducatifs. S'y ajoutent 17 établissements d’enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et de paysage (11 établissements publics et 6 établissements privés) ainsi que 2 établissements d’enseignement à distance.

Au total, 216 500 élèves, apprentis et étudiants (44% de filles, 56% de garçons) fréquentent l'un de ces établissements, ce qui en fait le second système d'enseignement en France, après l’Éducation nationale. Parmi ces élèves, 85% ne viennent pas du monde agricole.

Les établissements privés sous contrat avec l’État ont une place importante : ils représentent les trois quarts des établissements scolaires et 59% des élèves et étudiants. Autre spécificité, une forte proportion de « terrain », sous formes de stages et surtout d'alternance : il s'agit soit d'alternance sous statut scolaire (en MFR), soit sous le statut d'apprenti. Ce dernier statut est en forte augmentation : + 22% entre 2019 et 2020, année où l'on comptait 45 717 apprentis agricoles.

Il évolue en fonction des attentes sociétales et professionnelles

Les contenus et les voies d'accès aux formations de l'enseignement agricole évoluent en fonction des attentes de la société et des professionnels. Parmi les orientations récentes les plus prégnantes : la transition écologique et l'agroécologie. Un vaste plan national « Enseigner à produire autrement pour les transitions et l’agroécologie » a été lancé en 2020. Il est décliné régionalement pour définir des objectifs et les actions adaptées à chaque territoire.

Parmi les actions emblématiques en matière d'agroécologie : une grande partie des exploitations agricoles des établissements sont engagées dans la réduction de l’usage des produits phytosanitaires de synthèse et ont donc participé à plusieurs plans Ecophyto successifs.

L'enseignement agricole est également concerné par la rénovation du baccalauréat professionnel qui sera effective à la rentrée 2022 : le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (MAA) procède actuellement à la rénovation du tronc commun, qui met l’accent sur « le développement des compétences psycho-sociales des bacheliers en vue de leur insertion professionnelle et de leur capacité à s’adapter tout au long de leur vie professionnelle ». Il a également vocation à permettre la poursuite d’études supérieures courtes, notamment en BTSA.

Les BTSA seront aussi rénovés à partir de la rentrée 2022, en contenu, avec une part croissante d'agroécologie et de numérique, mais aussi en organisation. Ils vont progressivement passer en organisation par semestres, comme à l'université.

Il comporte une forte proportion d'internes

Plus de la moitié des élèves (52%) en formation agricole sont internes. Ce régime particulier, qui existe dans l'enseignement agricole depuis des dizaines d'années, est considéré comme un facteur de réussite scolaire, sociale et professionnelle. C'est en effet souvent dans le cadre du temps éducatif non scolaire que les jeunes sont incités et accompagnés à mener des projets citoyens. Cela participe à leur émancipation, leur réussite et leur autonomisation.

Depuis la rentrée 2021, la direction générale de l’enseignement et de la recherche du ministère de l'Agriculture s’est inscrite dans une campagne de labellisation « Internat d’excellence » proposée par le ministère de l’Éducation nationale.

Il forme à des métiers d'avenir

L'enseignement agricole aborde des domaines porteurs d'enjeux cruciaux pour la société :    production agricole, agroécologie, alimentation, environnement, territoires, développement durable, les services ou encore l’énergie.

En France, les métiers du Vivant représentent 3,4 millions d’emplois. Les diplômés de l'enseignement agricole ont un excellent taux d'insertion professionnelle : 89% pour les bac pro, 92% pour les BTSA et 92% pour ceux issus de l'enseignement supérieur long.

Dans le cadre du plan de relance, une campagne de communication a été lancée cet été autour des métiers du vivant et de leurs opportunités d'emplois. (Crédit : agriculture.gouv.fr)

Il n'est pas assez connu

Chaque année, près de 20 000 postes dans les métiers du vivant ne sont pas pourvus. A ces besoins de recrutement déjà existants, s’ajouteront ceux liés aux transitions et au renouvellement des générations en agriculture.

Le ministère conduit une communication active depuis plusieurs années pour valoriser les parcours d’enseignement agricole et la force des métiers auxquels il prépare. Depuis 2019, toutes les actions de communication sont placées sous l'étendard « L’aventure du vivant », marque commune à tous les établissements et toutes les composantes de l’enseignement agricole. Récemment, dans le cadre du plan de relance, la campagne sur l'enseignement agricole a été déclinée sur les métiers avec la bannière #EntrepreneursDuVivant. Elle a débuté cet été et continue encore quelques semaines.

Dans ce cadre, des actions sont prévues avec les lycées et collèges de l'éducation nationale pour favoriser la découverte d’exploitations agricoles proches. Des rapprochements entre les deux systèmes éducatifs sont également envisagés, à travers des échanges de connaissances, d'expérience et de projets entre établissements, en particulier autour de l'environnement et du développement durable.