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« L’équilibre entre l’offre et la demande constitue le défi de demain »
La consommation de produits bio est en berne. S’agit-il d’une crise conjoncturelle ou structurelle ? Etat des lieux et leviers pour relancer la bio.
Ces dernières années, la bio a connu une forte croissance, mais le nombre de conversions décline désormais et sa consommation diminue de manière notable depuis 2021. Les différentes filières en pâtissent. En lait de vache, le bio représente 5,5 % de la collecte en 2022, contre 2,4 % en 2017. Néanmoins, la production régresse depuis fin 2022, à l’instar de la consommation de produits laitiers bio. « L’écart de prix entre les laits bio et conventionnel s’amenuise, et 30 à 40 % du lait bio est déclassé dans les laiteries », énonçait Magali Catteau, chargée d’études filières bio à l’APCA, lors du salon Tech&bio à Fondettes.
En viande bovine, la consommation bio est également en baisse. « En 2023 les sommes dépensées pour les steaks hachés sont stables en conventionnel, mais en baisse sur la viande bio », illustre la chargée d’études. L’écart de prix entre viande issue de l’agriculture bio ou conventionnelle existe toujours mais tend à se réduire.
En viande porcine, le bio reste un marché de niche, il ne représente qu’1,9 % de la production totale, mais les ventes sont en diminution là aussi.
En grandes cultures, la part de production bio est passée de 3,3 à 6,8 % entre 2017 et 2022. « La collecte a augmenté de 9 % pour la campagne 2023-2024 », complète Magali Catteau. Mais en face les mises en œuvre diminuent (- 28 % chez les fabricants d’aliment du bétail, et - 10 % chez les meuniers) et les stocks des coopératives augmentent.
" L’équilibre entre l’offre et la demande dans les filières bio constitue le défi de demain, sachant qu’il faut aussi prendre en compte la lenteur du processus de conversion " estime-t-elle. Plusieurs raisons expliquent la baisse de consommation de produits bio depuis 2017. Parmi elles, l’augmentation de la précarité alimentaire liée à l’inflation, et la baisse du nombre de références en magasins étant donné qu’elles se vendent moins. La méfiance et la méconnaissance de la bio sont aussi un frein : 59 % des Français trouvent anormal que les produits bio soient plus chers. La multiplication des labels et mentions sur les emballages réduisent également le consentement à payer des produits bio. Pour faire face à cette tendance, différents leviers pourraient être utilisés. « Il faudrait d’abord mieux communiquer, pour justifier le prix des produits bio, énonce Magali Catteau. En parallèle, il faudrait renforcer la confiance des consommateurs en proposant une bio plus cohérente, c’est-à-dire en supprimant par exemple les produits suremballées ou venant de l’étranger. » Pour agir sur les débouchés, l’engagement de la distribution pourrait être une solution, via de la contractualisation entre producteurs, transformateurs et distributeurs. Le respect de la loi Egalim constituerait également un bon coup de pouce. « La structuration de la filière est aussi un point à améliorer, par l’accompagnement de la création de magasins, coopératives, groupements de producteurs… », ajoute la spécialiste.
Il serait en tout cas bien ambitieux de prétendre prévoir l’évolution des filières bio, tant les facteurs d’influence sont multiples.