L’excédent agroalimentaire français en 2021, une reprise en trompe-l’œil

Avec 8,2 milliards d’euros en 2021, l’excédent 2021 est le plus élevé depuis 2015. Mais sans les vins et spiritueux, dont l’excédent pointe à 14,1 milliards d’euros, l’agroalimentaire enregistrerait un déficit de 6 milliards d’euros en 2021, contre 4,7 milliards d’euros en 2020.

La dernière note d’Agreste va donner un peu de baume au cœur à la filière agroalimentaire. Après avoir chuté de 18,2 % en 2020, pour s’établir à 6,3 milliards d’euros en 2020, l’excédent agroalimentaire français a bondi de 31% pour tutoyer les 8,2 milliards d’euros en 2021. Ces résultats éloignent le spectre de sombres prévisions de la Commission des affaires économiques du Sénat qui, en 2019, prédisait un déficit de la balance commerciale agroalimentaire à l’horizon 2023. Son rapport pointait un cocktail de sur-charges, de sur-réglementation, de sous-taux de marge dans l’industrie agroalimentaire ainsi que des défauts de structuration des filières, comparativement à nos compétiteurs.

Dans un rapport publié en décembre dernier, le Haut-commissariat au plan présentait la France comme ayant « à certains égards les caractéristiques d’une économie de pays en voie de développement », avec « l’exportation de produits bruts et l’importation de biens et denrées transformés », pointant en exergue, dans le secteur agroalimentaire, le cas des pommes de terre, des pommes et du lin fibre.

Fruits et légumes, viande, pêche : les déficits s’aggravent

Bien que plus flatteurs, les chiffres du millésime 2021 ne masquent pas deux faiblesses structurelles de la France agroalimentaire, à commencer par la sur-représentation de la filière viti-vinicole. Avec un solde record de 14,1 milliards d’euros (+29%), les vins et spiritueux caracolent en tête des filières les plus performantes à l’export, devant les céréales et oléagineux (6,5 milliards d’euros, +5,1%), les produits laitiers (2,9 milliards d’euros, -1,4%), les animaux vifs et les œufs (1,7 milliard d’euros, -2%), les aliments pour animaux (1,4 milliard d’euros, +16,3%).

Même si bien entendu, il n’est pas question de rayer de la carte de France ses 800.000 ha de vignes, ses 70.000 exploitations spécialisées et ses 500.000 emplois directs et indirects, sans parler de l'inestimable fait socio-culturel, sans les vins et spiritueux, le secteur agroalimentaire enregistrerait un déficit de 6 milliards d’euros en 2021. C’était 4,7 milliards d’euros en 2020. La faute à l’aggravation du déficit dans le secteur des fruits et légumes notamment, qui affecte aussi bien les produits bruts (-8,5% soit -3 milliards d’euros pour les fruits, -4% soit -743 millions d’euros pour les légumes) que les produits transformés (-0,5% soit -3,3milliards d’euros fruits et légumes confondus). La situation de la viande se dégrade également, avec un déficit de 1,2 milliard d’euro (-14,6%). Celui des produits de mer et de l’aquaculture est toujours plus abyssal, avec, - 4,6 milliards d’euros (-12,2%), en dépit du fait que la France dispose du deuxième domaine maritime mondial...

La balance avec l’UE se dégrade

L’excédent commercial agroalimentaire de près de 8,2 milliards d’euros en 2021 est la conséquence d’une hausse marquée des exportations (+ 7,8 milliards d’euros, +13%), supérieure à celle des importations (+5,8 milliards d’euros, +10 %).

Au plan géographique, ce sont les échanges avec les pays tiers qui façonnent l’excédent, qui s’établit à près de 10,3 milliards d’euros, en hausse de 0,6 milliard par rapport à 2020 et de 1,2 milliard d’euros par rapport à la moyenne 2016-2020. Avec l’Union européenne, le déficit commercial atteint 2,1 milliards d’euros en 2021. Il se réduit de 1,4 milliard d’euros sur un an mais cette contribution diminue à 30% si l’on compare l’excédent de 2021 à la moyenne 2016-2020, questionnant la compétitivité de la France à l’intérieur de l’UE.