La consommation d’engrais recule de 5% en France

Les livraisons d'engrais chez les agriculteurs français ont diminué de 5% en un an, dans un contexte inédit de flambée des prix du gaz, composant majeur des fertilisants minéraux. C’est la troisième année consécutive de recul.

En septembre 2022, l'approvisionnement en engrais des agriculteurs français était de "20% inférieur à celui d'une campagne classique", a déclaré Florence Nys, déléguée générale de l'Union des industries de fertilisation (Unifa), au cours d'une conférence de presse à Paris le 8 novembre. Lors de la campagne 2021-22, "10,8 millions de tonnes d'engrais (minéraux et organiques) ont été livrées, soit en recul de 5% par rapport à la campagne précédente", a-t-elle indiqué, soulignant un recul des livraisons pour la troisième année consécutive en France.

Sur la campagne 2021-22, 8,140 millions de tonnes d’engrais minéraux et organo-minéraux ont été livrées (-7% par rapport à 2020-21) et 2,641 millions de tonnes d’amendements minéraux basiques ont été livrées (+1,8% par rapport à 2020-21). Source : Unifa

Cette baisse illustre une tendance de fond : les ventes d'engrais diminuent régulièrement depuis 2013, année où elles avaient culminé à 18,1 millions de tonnes. "En 30 ans, on a réduit de 45% la consommation d'engrais minéraux", rappelle l'Unifa, qui regroupe des producteurs d'engrais, d'amendements et de biostimulants en France.

Avec la reprise économique post-Covid puis la guerre en Ukraine, la flambée des cours du gaz naturel - qui représente 90% du coût de fabrication des engrais azotés - a bousculé le secteur, contraint de chercher d'autres sources d'approvisionnements pour remplacer notamment la Russie, premier exportateur avant le conflit, et d'accélérer sa décarbonation. Alors qu'en Europe, plusieurs usines ont ralenti voire momentanément arrêté leur production face à des prix du gaz trop élevés, en France, "nous produisons en continu, il n'y a pas aujourd'hui de problème d'approvisionnement", souligne Delphine Guey, la présidente de l'Unifa.

En revanche, nombre d'agriculteurs hésitent encore à acheter leurs engrais, les prix des fertilisants ayant triplé en un an. Si tous les exploitants attendent la dernière minute pour acheter, il y aura un risque d'engorgement au niveau des livraisons. L'Unifa recommande d'étaler ses achats pour éviter les problèmes logistiques, rappelant que la capacité de stockage des engrais dans les usines est limitée (à un mois et demi de production maximum).