La dédensification, nouveau pare-feu contre l’influenza aviaire

Face au risque de flambée dans les Deux-Sèvres et en Vendée, des zones tampons à 10-20 km et 20-50 km sont érigées, assorties de différentes mesures restreignant le nombre de palmipèdes et de dindes, mais aussi de poules pondeuses et de poulets de chair. La dédensification est aussi sur la table du tout nouveau Comité de pilotage stratégique de la filière volaille, qui rendra ses conclusions au premier semestre 2023.

Une zone tampon couvrant un périmètre de 10 à 20 km autour de foyers localisés au sein d’une Zone à risque de diffusion (ZRD) au sein de laquelle les élevages de palmipèdes et de dindes seront dépeuplés au fur et à mesure de la valorisation des animaux. Une seconde zone tampon, couvrant le périmètre des 20 à 50 km, au sein de laquelle les mises place de palmipèdes et de dindes sont interdites et où le vide sanitaire est allongé à trois semaines dans les élevages de poules pondeuses et de poulets de chair. Telles sont les deux mesures entrant en vigueur ce 5 décembre dans une zone de production de volailles située dans les Deux-Sèvres et en Vendée, où l’épizootie d’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) s’avère particulièrement virulente.

Eviter la flambée et la saturation de l’euthanasie et de l’équarrisage

En date du 1er décembre, cette ZRD concentrait 37 des 91 foyers recensés par le ministère de l’Agriculture en élevages au plan national. Le ministère invoque une « flambée épidémique possible » dans une zone « à forte densité de volailles », sous l’effet d’une « accélération des cas sur ces dix derniers jours » et de « l’entrée dans le pic de la période de migration », nécessitant des « mesures de dédensification ». Celles-ci ont présentées aux organisations professionnelles le 1er décembre. Elles vont s’appliquer pour au moins « trois semaines ». « Si la situation sanitaire s’améliore, on rediscutera avec les organisations professionnelles de façon à ne pas bloquer le fonctionnement économique des filières », affirme-t-on au ministère, qui pointe aussi la présence d’élevages reproducteurs dans la ZRD concernée. « Derrière, c’est l’avenir des filières qui se joue sur ces sites ».

Ces nouvelles mesures seront accompagnées de dispositifs d’indemnisations, dont l’octroi plein et entier sera conditionné à la stricte observance des règles en vigueur.

En espérant éteindre la flambée, le ministère escompte aussi éviter la saturation des équipes d’euthanasie et des sites d’équarrissage qui avait marqué l’hiver 2021-2022, avec ses 1378 foyers en élevages et 21 millions de volailles abattues. Une épreuve dans l'épreuve, tant pour les opérateurs que pour les éleveurs. Au 1er décembre, le décompte des abattages pour la campagne en cours (depuis le 1er août) s’élève à 1,3 million de volailles.

L’option de la dédensification...

Les Deux-Sèvres et la Vendée ne sont pas les seuls départements à faire l’objet de mesures de dédensification préventives. Dans le cadre du « Plan Adour », décrété par le Cifog, l’interprofession du foie gras, 68 communes situées dans quatre départements du Sud-Ouest s’apprêtent à mettre en œuvre un vide sanitaire synchronisé des élevages de palmipèdes du 15 décembre au 15 janvier prochain, afin de réduire les risques de contagion du virus au sein de zones à forte densité d’élevage. La dédensification à caractère préventif s’installe ainsi dans la panoplie de pare-feu déployés par les organisations professionnelles sous le contrôle des services de l’Etat, aux côtés notamment du confinement des animaux (en période à risque élevé), de la réalisation de tests avant tout mouvement d’animaux ou encore d’audits de biosécurité avant la mise en place de volailles. Et il se trouve que la dédensification est aussi au programme du tout nouveau Comité de pilotage stratégique de la filière volaille, installé le 30 novembre dernier, et dont l’objet est d’endiguer une maladie au caractère enzootique de plus en plus marqué. « La dédensification fait partie des orientations qui peuvent être identifiées, par exemple autour des sites stratégiques tels que les établissements d’accouvage et de reproducteurs », indique le ministère.

... et l’espoir de la vaccination

Le Comité de pilotage stratégique rendra ses conclusions d’ici à la fin du premier semestre 2023. Une échéance qui devrait coïncider avec les résultats des expérimentations de candidats vaccins contre l’IAHP. Le ministère de l’Agriculture rappelle que dans le meilleur des cas, « la vaccination ne sera qu’un outil complémentaire à la biosécurité ». Le ministère se met en tout cas en ordre de marche pour se préparer à cette éventualité « à compter de l’automne prochain », notamment en travaillant à la reconnaissance de la vaccination au plan international, afin « qu’elle ne constitue pas un frein aux échanges ».