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La DNC plane sur l'Europe de l'Ouest et assombrit le Sommet de l'élevage

Dans le hall des bovins au Sommet de l'élevage, à Clermont-Ferrand, un unique taureau trône au milieu de bottes de foin mais il est en plastique. La dermatose nodulaire contagieuse plane sur le rassemblement qui a débuté le 7 octobre, et menace l'Europe de l'Ouest.

"Les cas enregistrés dans un troupeau laitier en Espagne nous donnent un peu raison", affirme lors d'une conférence Yohann Barbe, président de la FNPL, saluant la "responsabilité des éleveurs" qui ont renoncé à amener 1.300 bovins, habituelles stars de l'événement et de ses concours animaliers en périphérie de Clermont-Ferrand. L'alliance FNSEA-JA a soutenu la stratégie d'éradication de tout foyer où un cas est détecté mise en oeuvre par l'Etat.

Mais face à l'absence au Sommet de la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, faute de Premier ministre, Yohann Barbe rappelle que les éleveurs attendent toujours "une vraie réponse de l'Etat sur les indemnisations", notamment des pertes de production.

Dans le hall qui accueille habituellement les bovins, les visages sont fermés et une immense partie du hangar est vide. Le taureau en plastique est une animation rodéo pour enfants. Les familles sont rares mais concentrées autour des enclos qui accueillent quelques centaines de chevaux, brebis, moutons et chèvres.

Si les organisateurs s'attendent à ce que la participation soit plus faible, ils misent toutefois sur la venue de nombreux professionnels qui déambulent dans les allées de matériels agricoles.

La dermatose nodulaire contagieuse est apparue pour la première fois en Europe de l'Ouest en juin dernier, en Sardaigne - probablement à la faveur d'une vague d'insectes vecteurs depuis l'Afrique du Nord où la maladie était déjà présente. La même souche a été détectée quelques jours plus tard dans le nord des Alpes françaises. Deux foyers isolés de ces zones ont été détectés en Lombardie et dans le Rhône. Un premier foyer espagnol apparu la semaine dernière dans le nord de la Catalogne a porté à 145 le nombre de foyers détectés dans ces trois pays.

Assises du sanitaire "aux oubliettes"

La souche espagnole doit encore être étudiée mais dans les couloirs du Sommet, on soupçonne une transmission par l'exportation de veaux depuis le Rhône, avant l'annonce du foyer de dermatose, vers l'Espagne, un des principaux clients de l'Hexagone avec l'Italie.

Entre 2015 et 2017, la maladie avait fait des ravages dans les troupeaux des Balkans, avec plusieurs milliers de foyers. Elle avait été éradiquée, après plusieurs années, grâce à une campagne de vaccination massive, selon les autorités européennes, assortie de restrictions de mouvement et d'abattage total des foyers contaminés au plus fort de l'épizootie. Une stratégie aussi adoptée par la France et la Sardaigne.

Plus de 1.700 animaux ont été abattus en France, provoquant une vive émotion et l'opposition des syndicats comme la Coordination rurale et la Confédération paysanne. Tous les syndicats demandent une meilleure prise en charge des pertes de production.

Le taux de mortalité de cette maladie, qui provoque notamment fièvre, nodules et oedèmes, avoisine les 10% selon différentes sources mais l'infertilité et la production laitière peuvent drastiquement baisser chez les animaux qui l'ont contractée sans en mourir.

"Reconstituer un troupeau laitier en trois mois, c'est impossible, surtout en AOP (...) et pour le moment l'Etat a opposé une fin de non recevoir" à une extension, ajoute Yohann Barbe, listant aussi les pertes des fromageries ou celles liées à l'impossibilité d'exporter des veaux depuis les zones réglementées. Il faudrait "une réflexion dès maintenant sur la vaccination l'année prochaine et les échanges de veaux vaccinés" mais avec les Assises du sanitaire "aux oubliettes" à cause de l'instabilité politique, les syndicats désespèrent.