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La filière amande se dote d’une organisation de producteurs
[medFEL 2023] A l’initiative de la Compagnie des amandes, Amandiers de France a vocation à structurer l’offre et à assurer la montée en puissance de la production, en développant notamment une assurance récolte sur mesure côté amont et, côté aval, un plan qualité et des contrats commerciaux exclusifs.
« Chaque semaine ou presque, je reçois des mails d’agriculteurs qui ont un ou deux hectares d’amandiers et qui me disent avoir du mal à les écouler. Un ou deux hectares, c’est une ou deux tonnes, et une ou deux tonnes, personne n’en veut parce qu’il faut rentrer dans un cahier des charges de qualité et il faut assurer un minimum de volume à ses clients. Sans compter que sur les 2 tonnes, vous n’avez que 700 kilos au calibre 36 vendu en GMS. Que faites-vous du reste » ? C’est ainsi que François Moulias, directeur général et co-fondateur, avec Arnaud Montebourg, de la Compagnie des amandes, justifie la création d’une organisation de producteurs dans la filière amande, annonce faite au medFEL le 26 avril. « Je n’invente rien », tient-il à préciser, faisant référence aux autres filières.
Baptisée « Amandiers de France », la néo-OP doit encore recevoir son agrément du ministère de l’Agriculture, ce qu’elle attend pour l’automne prochain. Passée cette étape, l’OP pourra prétendre bénéficier d’un programme opérationnel. Même si son budget sera très limité au départ, du fait de son indexation sur le chiffre d’affaires de l’OP, le programme opérationnel apportera sa contribution au développement de la filière amandicole nationale, qui produit bon an mal an 800 tonnes d’amandes pour une consommation intérieure estimée à 45.000 tonnes. Si elle se concrétise, l’OP sera présidée par Laurent Ratia, qui va réaliser cette année la première récolte (3ème feuille) de sa plantation de 12 ha située à Sallèles-d’Aude (Aude).
Une assurance récolte empruntée aux loueurs de voiture
Amandiers de France espère fédérer au-delà du cercle de producteurs engagés avec la Compagnie des amandes. Les producteurs qui confieront leur production à l’OP bénéficieront des avantages inhérents (aides au financement de matériel, aides à la plantation, accès aux aides régionales...). Les producteurs bénéficieront en prime d’avantages consentis par la Compagnie des amandes, tels que son dispositif bas-carbone, l’accès privilégié à sa future casserie (15% de remise sur la prestation) ou encore son propre système d’assurance récolte, que l’entreprise souhaite mettre sur pied pour la campagne 2024.
« L’idée n’est pas d’assurer l’intégralité de la récolte mais seulement une partie des charges ainsi que les échéances bancaires, afin de baisser le capital assuré, explique François Moulias. Par ailleurs, nos projets de plantation allant d’Agen à Draguignan et de Valence à Bonifacio, la dilution du verger génère mécaniquement la dilution du risque, réduit à 20% ». Empruntant le modèle des loueurs de voiture, la Compagnie des amandes prévoit de recourir à un courtier, auprès duquel elle assurerait les surfaces du maximum de ses producteurs, qui lui verseraient une cotisation en contrepartie. « Personne ne fait cela en agriculture alors que c’est dans le Code général des assurances », précise le dirigeant. Le gel constitue la première menace climatique de l’amandier.
La Compagnie des amandes va réaliser cette année sa première récolte, estimée à 18 tonnes. Elle devrait également lancer les travaux de sa casserie à Signes (Var) pour un montant de 13,5 millions d’euros, dont 2,3 millions d’euros d’aides publiques (60% de subvention et 40% d’aide remboursable) de France 2030 et 1,3 million d’euros d’aides publiques de la Région Sud. Forte d’un cahier des charges qualité, elle négocie par ailleurs des contrats d’exclusivité avec différents opérateurs (fabricants d'ingrédients, artisans de renom et grande distribution).
Créée en 2018 par François Moulias et l’ancien ministre du redressement productif Arnaud Montebourg, la Compagnie des amandes est une société de financement, de soutien technique et de conseil agronomique. Son modèle repose sur une alliance entre capital et travail au sein d’une société d’exploitation commune constituée entre le producteur et la Compagnie durant 25 ans minimum, correspondant à la durée d’exploitation du verger, avec partage des dividendes (51% pour le producteur). D’ici à fin 2023, 500 ha devraient être alors « signés-plantés » par l’entreprise, avec un objectif de 2000 ha à l'horizon 2026, moyennant des augmentations de capital.