La FNSEA va créer une plateforme dédiée à la valorisation des crédits carbone

Le syndicat souhaite ainsi participer à la massification de l’offre de crédits carbone et à leur valorisation auprès des acheteurs institutionnels et privés. Un premier stock de 600 000 tonnes est à saisir.

« Monsieur le ministre, nous avons 600 000 tonnes de carbone disponibles, je suis à votre disposition pour prendre votre commande ». Telle est la proposition lancée à Julien Denormandie par Christiane Lambert, présidente de le FNSEA, à l’occasion d’une table-ronde organisée par le ministère de l’Agriculture. L’objectif était d’identifier les freins et leviers à la production et à la valorisation de crédits carbone agricoles sur le marché de la compensation volontaire. Celui-ci offre la possibilité aux acteurs privés et institutionnels de s’inscrire dans une trajectoire bas carbone pour ce qui concerne leurs émissions résiduelles incompressibles, en achetant des crédits tels que ceux générés par l’agriculture et certifiés LBC (Label bas carbone).

Le ministère montre la voie

Et justement, il se trouve que le ministère dispose d’un volant d’achat d’un peu moins de 7000 tonnes, pour la seule administration centrale. « Depuis 2013, le ministère a réduit ses émissions de 34%, souligne le ministre. Nous atteindrons la neutralité carbone cette année en achetant un peu moins de 7000 tonnes de crédit carbone générés par les pratiques durables des agriculteurs, afin de compenser nos émissions résiduelles ». Le ministère a par ailleurs annoncé son intention de déployer une démarche analogue au sein de ses services déconcentrés, des entreprises sous tutelle ainsi qu’aux établissements scolaires dont il a la responsabilité.

"Nous serons plus forts ensemble et plus efficaces pour convaincre les acheteurs et offrir un revenu complémentaire à toutes les productions, dans tous les territoires"

Le ministère pourra donc faire ses emplettes auprès de la future société commerciale dont la FNSEA a annoncé la création (mais pas le nom) lors de la table ronde. « Nous allons rassembler dans une structure commune et unique toutes les productions sous l’égide de la FNSEA et des associations spécialisées pour améliorer l’offre de crédits carbone, a déclaré Christiane Lambert. L’atomisation, la dispersion ne nous serviront pas. Nous serons plus forts ensemble et plus efficaces pour convaincre les acheteurs et offrir un revenu complémentaire à toutes les productions, dans tous les territoires ».

La FNSEA communiquera les détails de cette future société en amont du Salon de l’agriculture. Les JA et les Chambres d’agriculture, s’agissant du « conseil au dernier kilomètre », seront de la partie.

La profession n’est pas novice en matière de massification puisqu’elle dispose avec France Carbon Agri Association (FCAA) d’un acteur pionnier, à l’origine du premier projet labellisé LBC (Label bas carbone), équivalent à 137.000 tonnes à l’horizon 2025 et fédérant plus de 300 éleveurs bovins. FCAA a depuis lancé un deuxième appel à projet, ciblant toujours l’élevage. La présidente de la FNSEA a de son côté annoncé au cours de la table-ronde le lancement d’un troisième appel à projets. « Nous avons 600.000 tonnes disponibles », a-t-elle indiqué.

La société Epiterre pour les crédits biodiversité

La FNSEA a très clairement décidé de s’investir dans la valorisation des services écosystémiques délivrés par l’agriculture. En décembre, le syndicat avait annoncé la transformation en société de la marque Epiterre, créée en 2019 en partenariat avec le réseau associatif Imagine’Rural, un cabinet d’études spécialisé dans l’aménagement (diagnostics de territoire, diagnostics fonciers...) et l’environnement (animation de sites Natura 2000, réalisation de diagnostics Eau sur Bassin versant, Trame verte et bleue...). Présidée par Christiane Lambert, Epiterre a vocation à valoriser, auprès des collectivités et des entreprises privées, les contributions des agriculteurs préservant la biodiversité et l’environnement.