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La gariguette en danger !
Elle fait la fierté de nos régions et de nos producteurs, pourtant cette variété de fraises est menacée. La gariguette pourrait être produite à l'étranger ou pire, disparaître.
Acidulée et d'un rouge éclatant, la fraise telle que nous la connaissons est le résultat de multiples hybridations. Elle n’a plus ni la taille ni le goût de la fraise des bois, son ancêtre. Créée en laboratoire par l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) dans les années 70, la gariguette est née d’une volonté de prolonger sa conservation et de mieux résister au transport. Après des débuts difficiles lors de sa mise sur le marché en 1976 en raison de son prix, elle est devenue par la suite l’iconique fraise française. De plus, avec l’arrivée de la concurrence espagnole à la fin des années 80 – à l’époque de piètre qualité – la gariguette a été mise sur un piédestal et a trouvé un public à jamais fidèle grâce à son goût inégalable.
Rentable mais délaissée
Cette fraise n’est pas seulement délicieuse, elle a également rapporté à la filiale de l’INRA, Agri-obtentions, environ un million d'euros de royalties pour toute personne souhaitant la cultiver. Cependant, en 1998, la gariguette tombe dans le domaine public. Les questions qui se posent alors sont de savoir comment financer la recherche constante sur ce fruit ? Comment faire évoluer la gariguette en respectant le cahier des charges et en préservant ses caractéristiques ? Pour éviter que la souche de cette variété de fraise ne disparaisse, la tâche a été confiée au Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL). Quelques années plus tard, faute de financements et de missions clairement définies, le CTIFL cesse son activité sur la gariguette. Elle disparaît même du Catalogue français !
L'AOPn à la rescousse
L'Association d’organisations de producteurs nationale, s’est portée candidate pour préserver les meilleures souches de la gariguette et poursuivre le travail initié. Elle pourra s’assurer que les semences soient conformes année après année grâce à son programme d’Expérimentation National Fraise.
Une autorisation qui tarde à venir
Le Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences (Geves) n’a pas encore donné son accord. L’AOPn attend et demande une réponse rapide. Pour l'instant, la gariguette est seulement enregistrée sur le Catalogue européen, ce qui permet de maintenir sa commercialisation. Mais à terme, elle pourrait tomber dans les mains d’autres pays qui profiteraient ainsi du joyau rouge. Cependant, il est peu probable que cette fraise, véritable star dans son domaine, tombe dans l'oubli. Représentant 20 % de la production nationale de fraises, elle se vend environ entre 6 et 9 €/kg contre 5 à 6 € pour les autres variétés. Il n’est pas rare de voir sur les marchés des cagettes à 15 €/kg ! Son goût et sa renommée n’ont pas de prix …
Qu'en est-il des autres variétés de fraises ?
Ce fruit manipulable permet de nombreux croisements qui peuvent être plus résistants aux intempéries et aux parasites, plus précoces ou avec des saveurs adaptées aux préférences gustatives des consommateurs. Le Centre Interrégional de recherche et d’expérimentation de la fraise (CIREF) a pris le relais de l'INRA en 1988
pour la création variétale des fraises. C'est ainsi que sont nées la Cigaline en 1996, la Ciflorette ou encore la Cirafine en 1998, ainsi que la célèbre Charlotte en 2004. La Mara des bois, quant à elle, est commercialisée par le pépiniériste Marionnet.
Il ne reste plus qu’à attendre le sort de la petite gariguette. Son avenir pourrait bien tracer la voie pour les autres variétés de fraises, qui n'ont pas à rougir de leur goût.