[Sommet de l’Élevage] : la transmission largement abordée 160 100 agris à la recherche de repreneurs

Récit de passation entre Émilie et Michel, installés en Haute-Loire. La transmission des exploitations sera l’un des thèmes clés abordés, cette année et pour cause : plus d’un tiers des exploitants agricoles pourront prendre leur retraite à partir de 2026.

Pour relever ce défi titanesque, les chambres d’agricultures accompagnent de nombreux futurs cédants. Et bien souvent, le lien qui existe entre eux et le potentiel repreneur est primordial dans le processus. 

Leur première rencontre, c’était en 2016. Aujourd’hui, Émilie Masclaux, 26 ans, et Michel Gravegeal, 55 ans, ont un GAEC ensemble, et continuent à travailler tous les deux sur la ferme jusqu’au départ de Michel, dans 8 ans ou 10 ans. Ce récit de transmission « idéale » est surtout celui du lien qui existe entre ces deux personnes, et de leur collaboration à la ferme qui doit aboutir à une transmission en douceur.

Petit retour en arrière : en 2016, Émilie est en BTS production animale en apprentissage, dans deux fermes de Haute-Loire. Elle a toujours baigné dans l’agriculture (ses deux parents sont fils et fille d’agriculteurs) et souhaite continuer dans cette voie. Durant son apprentissage, l’une des deux fermes où elle est formée est située tout près de chez elle, en Haute-Loire, à Sanssac-l’Église. Il s’agit de l’exploitation de Michel Gravegeal, en polyculture élevage, qui fonctionne avec un système de traite robotisée. Quand son apprentissage se termine, Émilie Masclaux part commencer une autre formation, qui ne lui correspond pas, puis travaille quelques mois en tant que technicienne PAC, aux JA de la Haute-Loire et au contrôle laitier du département, comme conseillère technicienne production. Mais dès qu’elle a un moment de libre, elle retourne aider Michel sur sa ferme. « Il n’y avait pas une semaine où je n’y allais pas. Je m’y suis toujours sentie bien », explique-t-elle.

A ce moment-là, en 2021, Émilie a 23 ans, et Michel Gravegeal décide de prendre une décision capitale : « ça faisait 30 ans que j’étais seul sur ma ferme de 50 vaches laitières, que je ne lâchais jamais, donc j’ai décidé d’arrêter et de vendre mes animaux ».

Installation en GAEC à deux 

Sauf que voir les vaches partir, Émilie Masclaux le conçoit difficilement : « c’était presque « mes » vaches, finalement. J’y suis très attachée ». Elle propose donc à Michel de reprendre sa ferme. « Quand elle m’a dit qu’elle voulait s’installer, j’avais 53 ans, il me restait encore 10 ans à travailler. On a décidé de créer un GAEC ». Ensemble, ils contactent la chambre d’Agriculture. Elodie Bozzi, conseillère installation – transmission, les oriente alors vers un parcours de transmission. Michel est surpris : « je lui ai dit que je ne pensais pas encore à mon départ ! Mais elle a eu raison de nous en parler, car 8 ou 10 ans, c’est très vite passé. » Voilà le projet dessiné : travailler ensemble jusqu’au départ à la retraite de Michel, pour qu’Émilie soit accompagnée en douceur vers le moment où elle reprendra la ferme. Un soulagement pour l’agriculteur, qui craignait de voir son exploitation disparaître et se fondre dans une autre déjà existante. Depuis leur installation en GAEC, en 2023, les deux décrivent un quotidien qui leur convient parfaitement, un fonctionnement fluide. « Je me fais plaisir, car on touche à tout à la ferme. S’il sème les céréales, c’est logique que je m’occupe des vaches le soir », indique Émilie.  Leur entente semble aussi tenir à leur vision commune de la ferme : « On est raccord sur les investissements, démontre la jeune agricultrice. Pour moi, la priorité est d’installer des matelas, pour améliorer le confort des vaches dans la stabulation, et Michel est ok. On est souvent sur la même longueur d’ondes ».

Lâcher du lest

Transmettre, Michel Gravegeal le dit lui-même : il a « bien un caractère pour ça ». Celui qui s’est lancé dans la ferme en 1994 en binôme avec sa mère a commencé à former des apprentis en 2008. « Les jeunes ont besoin d’être accompagnés, mais quand on accueille un apprenti, il faut faire des concessions et accepter des changements !  D’autant plus depuis qu’Émilie est officiellement installée. Je lui lâche du lest, c’est normal. »  La jeune associée confirme cet état d’esprit : « Michel me laisse de la place dans les décisions, il me demande souvent mon avis ».  Au-delà de ce fonctionnement, le travail a rapproché les deux associés. « Je considère Michel comme un deuxième papa. Il a toujours été là pour moi, notamment quand j’étais encore un peu adolescente, vers 20 ans, et que ça n’allait pas. » Michel et Émilie partagent plus que la ferme, et plus que certains associés : il n’est pas rare qu’ils se retrouvent, avec d’autres amis, pour des balades à vélo ou des repas.

Désormais, Émilie se sent bien sur la ferme : « Je veux garder notre petit rythme, à deux pour 60 vaches, en continuant à accueillir des apprentis. » L’objectif, à terme, serait d’avoir trouvé un autre associé au moment où Michel partira à la retraite. « Il nous reste une grosse dizaine d’années. Qui sait, je trouverai peut-être un apprenti avec qui j’accrocherai, et l’histoire se reproduira ! » C’est tout ce qu’on leur souhaite.

 

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