« Le lac de Caussade est là pour des millions d’années »

Serge Bousquet-Cassagne et Patrick Franken, président et vice-président de la Chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne, sont ressortis libres du tribunal d’Agen, écopant de sursis et d’amendes. Mais ils n’écoperont pas le lac. Ils étaient jugés pour avoir créé illégalement un lac de 920.000 m3, au bénéfice de 22 agriculteurs cumulant une SAU de 360 ha et du soutien à l’étiage du Tolzac.

Le 20 juillet 2020, les deux responsables, membres de la Coordination rurale, avaient été jugés par le tribunal correctionnel d’Agen (Lot-et-Garonne), à respectivement 9 mois et 8 mois de prison ferme, assortis d’une révocation de sursis de 4 mois et 14 mois, peines confirmées lors de l’audience en appel du 28 octobre 2021. Mais la cour d’appel d’Agen, dans son verdict du 13 janvier, a finalement condamné les deux agriculteurs à 10 mois de prison assortis d’un sursis probatoire de dix-huit mois, actant ainsi leur maintien en liberté. L’abandon du chef d’accusation de la mise en danger de la vie d’autrui explique en grande partie la décision de la juge, « une juge équitable et humaine, qui a bien compris le fond du dossier et qui a rendu un délibéré juste, équitable et humain », commente Serge Bousquet-Cassagne. Les deux élus et la Chambre écopent aussi d’amendes. Mais ils ne devraient pas avoir à écoper le lac.

« En écrêtant les crues de la Garonne, le lac de Caussade fait son travail de lac », déclare Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne (Crédit photo : Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne)
« En écrêtant les crues de la Garonne, le lac de Caussade fait son travail de lac », déclare Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne (Crédit photo : Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne)
"Pour la deuxième année consécutive, le lac a permis d’écrêter la crue de la Garonne "

Situé sur la commune de Pinet-Hauterive (Lot-et-Garonne), le lac a une emprise de 20 ha et une capacité de 920.000 m3, dont 300.000 réservés au débit d'étiage. Mis en service en 2019, il bénéficie à 22 agriculteurs cumulant une SAU de 360 ha.

Financé par la Chambre d’agriculture et creusé en grande partie par les agriculteurs eux-mêmes, « pour un budget trois moindre que toutes les études de la Création », le lac a fait l’objet d’un imbroglio administratif, après l’annulation d’un arrêté préfectoral autorisant sa création. En février 2021, la cour administrative d’appel de Bordeaux (Gironde) a confirmé l’illégalité du lac, sans exiger le retour à la situation originelle du site, comme l’exigent les associations environnementales. « Le lac est là et il fait son travail, se contente d’affirmer Serge Bousquet-Cassagne. Il se remplit tous les ans alors que l’on nous avait dit que le bassin versant était trop petit. Et pour la deuxième année consécutive, il a permis d’écrêter la crue de la Garonne ».

"Le Varenne de l’eau ? Il n’y que les innocents pour y croire"

Reste à savoir ce qu’il va advenir du statut administratif du lac, des réactions des opposants et de l’attitude de l’Etat, au moment où le ministère de l’Agriculture cherche à « partager une vision raisonnée des besoins et de l’accès aux ressources en eau mobilisables pour l’agriculture sur le long terme », comme le formule l'objet du troisième chantier du Varenne de l’eau et du changement climatique, dont la livraison est attendue pour la fin de ce mois. « Le Varenne de l’eau ? Il n’y que les innocents pour y croire, maugrée Serge Bousquet-Cassagne. Dans les années 80, il fallait une signature pour créer un lac. Aujourd’hui, il faut 8 tonnes de papier ».

La Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne ne porte pas d’autre projet collectif mais son président affirme gérer quotidiennement des demandes de création de retenues individuelles.