Le Plan loup 2024-2029 fait l’unanimité... contre lui

La FNSEA et consorts dénoncent l’absence de plan de régulation d’une « population qui n’est plus sous contrôle » tandis que la Confédération paysanne évoque un « affront ». Pour l’association Aspas, « la chasse au loup est ouverte ». Les ONG annoncent quitter le Groupe national loup.

Un plan loup qui ne satisfait aucune des parties prenantes est-il le signe d’un subtil compromis entre les enjeux de préservation du pastoralisme et de l’élevage d’un côté, et la conservation d’une espèce sauvage de l’autre ? A chacun de se faire son idée sur la base des grandes lignes du Plan national d’actions loup, dévoilé par le gouvernement le 18 septembre et les réactions des parties prenantes. « La copie présentée ne fait que prolonger les modalités de gestion applicables depuis 2004. Celles-ci conduisent à la fin du pastoralisme et attentent à la santé des éleveurs et de leur famille », ont réagi la FNSEA, les JA, les Chambres d’agriculture et les associations spécialisées dans l’élevage de ruminants. Pour la Confédération paysanne, le plan acte « le manque d’ambition pour la protection de l’élevage plein air face à la prédation », déplorant « son extrême faiblesse qui ne manquera pas d’être vécue comme un nouvel affront par les éleveur·euses ».

Passer de la défense à la régulation

Pour les syndicats agricoles, le fléau de la balance penche encore bien trop à l’avantage du loup, au détriment des éleveurs. « Après plus de 30 ans de présence sur le territoire français, le loup prolifère dangereusement pour l’économie rurale et constitue une menace réelle pour les hommes. L’abandon d’espaces où le pâturage devient impossible en raison des attaques incessantes des loups va à l’encontre du maintien de la biodiversité et des évolutions indispensables à engager pour s’adapter aux effets du changement climatique et notamment prévenir les incendies ». La FNSEA estime que la population de loups n’est plus « sous contrôle » et impose une « régulation », et plus seulement une stratégie de défense des élevages.

« Trop cher », « trop cher »

Selon la Confédération paysanne, le gouvernement a de nouveau refusé l’anticipation de la protection des troupeaux à l'échelle nationale, au motif que c’est « trop cher ». « L’anticipation est primordiale pour se préparer à la protection des troupeaux car elle demande du temps ». Les pouvoirs publics ont aussi refusé le financement de la protection des troupeaux pour les éleveurs bovins volontaires, considérée là aussi comme « trop chère ». « Les éleveur·euses de bovins restent donc dans un entre-deux inadmissible : pas de financement de la protection, mais en cas d’attaques répétées sur un même territoire, de possibles dérogations de tirs, au cas par cas… Les éleveurs ne peuvent se faire indemniser leurs bovins indéfiniment sans autres perspectives ».

La FNSEA déplore qu’aucune avancée n’est perceptible sur l’évolution du statut du chien de protection pour dégager la responsabilité de l’éleveur en cas d’incidents.

« Quelques évolutions à la marge »

Parmi les points positifs, figure la possibilité, « ouverte mais pas acquise », de faire évoluer la méthode du comptage des loups demandée depuis de longs mois par la profession agricole, souligne la FNSEA. La Conf’ relève de son côté la promesse d’un groupe de travail en vue d’étudier les conséquences d’un éventuel changement de statut du loup au niveau européen, le retrait de l’obligation d’éclairage des louvetiers avant les tirs, la possibilité pour les éleveurs de s’équiper d’une caméra thermique pour réaliser les tirs de défense, jusque-là réservés aux louvetiers. « A condition d’en avoir les moyens », relativise la Conf’.

« La chasse au loup est ouverte »

Les associations de protection de la nature (WWF, LPO, FNE, Ferus, Aspas, Humanité & Biodiversité) ont fait une toute autre lecture du Plan loup. « Nos associations regrettent l’absence totale d’évaluation du PNA précédent (2018-2023) et d’analyse de l’évolution de la situation en termes de dommages, de développement de la population de loups, de valorisation des expériences de terrain favorisant la coexistence, ou de baisse du nombre d’animaux d’élevage tués par rapport au nombre de loups présents, dénoncent-elles dans un communiqué. Le gouvernement fait ainsi le choix délibéré d'utiliser les dérogations juridiquement prévues dans le statut de protection pour organiser sans l’assumer une régulation cynégétique du loup en simplifiant les procédures d’abattage, empêchant le rétablissement d’une population viable de l’espèce sur son aire naturelle de répartition ». Pour l’Aspas, « la chasse au loup est ouverte ». Les six associations précitées ont annoncé leur retrait du Groupe national loup, instance consultative.

Le PNA va faire l’objet d’une consultation publique avant son adoption en fin d’année.