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Les agriculteurs, du cœur à revendre, des denrées à donner (et à vendre)
L’association « Les Agriculteurs ont du cœur » multiplie les initiatives pour venir en aide aux plus démunis, notamment les jeunes et les habitants des zones rurales. Engagée dans Solaal, la FNSEA prône de son côté l’instauration d’un chèque alimentaire, un excellent support pour reconsidérer, entre autre, la valeur de l’alimentation.
« Avec l’annulation du Salon de l’agriculture en 2021 pour cause de covid, on savait que des étudiants perdaient l’occasion de décrocher un petit boulot et d’améliorer leur quotidien », déclare Jean-Paul Hébrard, directeur de TVagri et membre de l’association Les Agriculteurs ont du cœur. On a proposé à une quarantaine d’étudiants de l’IHEDREA, l’Institut des hautes études de droit rural et d'économie agricole, de décrocher leur téléphone pour lancer un appel au don et en quelques semaines, on a collecté 100 tonnes de denrées alimentaires ».
A la suite de cette première opération est née courant 2021 l’association « Les Agriculteurs ont du cœur », dont Jean-Paul Hébrard est l’un des membres fondateurs, aux côtés d’agriculteurs notamment. « Notre objectif est de réaliser l’intermédiation entre le monde agricole et les associations caritatives, en médiatisant au passage tout ce que le monde agricole fait de bien ».
Fort de ce succès, l’association multiplie les initiatives pour mobiliser les dons agricoles. Au Space, c’est la production laitière d’une journée qui a ainsi été « détournée », A la Foire de Châlons-en-Champagne, les coopératives Cérèsia et Vivescia ont fait don de farine. Au Sommet de l’élevage, plusieurs évènements ont été organisés pour promouvoir les initiatives présentes et à venir, dont le partenariat avec le constructeur de tracteurs Landini, qui s’apprête à sortir une série limitée estampillée « Les Agriculteurs ont du cœur ». « Sur chaque vente, Landini versera une somme au profit d’une association au service de l’enfance, avec en prime la possibilité pour les enfants d’embarquer à bord du tracteur pendant une demi-journée », explique Jean-Paul Hébrard.
Si la crise du Covid a mis en lumière les difficultés de certains étudiants, la précarité n’est pas l’apanage du seul monde urbain. « C’est aussi une réalité en milieu rural, mais avec une difficulté supplémentaire, liée au repérage des personnes dans le besoin, poursuit-il. C’est notre prochain chantier, en lien avec des maires agriculteurs notamment ».
Les Agriculteurs ont du cœur travaille en étroite relation avec les banques alimentaires et Solaal, l’association créée par plusieurs organisations agricoles avec la FNSEA comme tête de file. « Avec 24.000 tonnes, soit 48 millions de repas cumulés en moins de dix ans, les agriculteurs sont les premiers donateurs de denrées alimentaires », indiquait Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, à l’occasion du lancement de Solaal Auvergne-Rhône-Alpes au Sommet de l’élevage.
Un chèque alimentaire plutôt que le repas à un euro
Le syndicat a rappelé à cette occasion son engagement pour l’instauration d’un chèque alimentaire. « Plutôt que le repas étudiant à un euro, qui dévalorise l’alimentation, nous préférons l’instauration d’un chèque alimentaire au service d’une vraie politique alimentaire, poursuit la présidente. Le pouvoir d’achat des plus démunis sert de prétexte à la grande distribution pour faire baisser les prix d’achat. La réalité, c’est que les prix n’ont jamais été aussi bas et que le nombre de personnes dans le besoin, de l’ordre de 7 à 8 millions, n’a jamais été aussi important dans notre pays. C’est un échec complet et une tromperie des distributeurs qui travaillent pour leur marge plus que pour l’accès à l’alimentation ».
Au même titre que les lois Egalim, la FNSEA estime que le chèque alimentaire permettrait de « revaloriser le prix des produits alimentaires et de faire consommer français ». Le syndicat imagine un chèque, sous forme de carte à puce, d’un montant unitaire de cinq euros par jour. « On l’a vu aux États-Unis, la politique alimentaire a participé au développement de l’agriculture, plaide Christiane Lambert. La France doit se doter d’une véritable politique alimentaire qui, en prime, permettrait à des personnes exclues du monde de travail de retrouver le chemin de l’emploi, l’agriculture ayant besoin de bras ».
Reste que le chèque alimentaire ne figure pas à l’agenda du Gouvernement. Mais selon la FNSEA, plusieurs candidats déclarés à l’élection présidentielle y seraient sensibles.