« Les bio sont les premiers producteurs d’eau potable »

A défaut d’une sanctuarisation des Aires d’alimentation de captage (AAC), la FNAB réclame le relèvement des aides allouées à l’AB, de nature à massifier ce qu’elle juge comme le meilleur moyen de concilier la protection de l’eau et la production de denrées exemptes de résidus de pesticides. Non sans arguments économiques.

Un quart des captages d’eau potable fermés depuis 1980 pour cause de pollution diffuse aux pesticides et au nitrates dans 41% des cas. Des fermetures au rythme d’une centaine par an.  10 millions de Français ayant consommé en 2022 au moins une fois de l’eau non conforme aux exigences réglementaires vis-à-vis des pesticides et de leurs métabolites. 4 millions de personnes affectées par des dépassements critiques pour les métabolites de la chloridazone (DPC, MDPC). Des centaines de milliers usagers concernés par la présence des métabolites de l’atrazine. Des concentrations en métabolites dépassant allégrement la limite réglementaire de 2 µg/l dans les eaux brutes et interdisant de fait, en théorie, leur usage pour produire de l’eau potable etc.

Les indicateurs ne manquent pas pour décrire l’altération à la fois importante et croissante de la qualité des eaux destinées à l’alimentation humaine, si l’on considère que la 4ème génération de SDAGE (2022- 2027) a vu le nombre de captages dit « prioritaires », autrement dit très problématiques, augmenter de 24% par rapport à la précédente, pour s’établir à 1374 unités. « Pas une seule molécule utilisée en bio n’est à l’origine d’un seul cas de pollution de l’eau, se démarque, dans ce tableau écocidaire, Stéphane Rozé, représentant de la FNAB au Comité national de l’eau (CNE). Et pas un seul cas de pollution aux nitrates évidemment.

D’où la supplique de la FNAB : « il est urgent de généraliser l’agriculture biologique sur toutes les aires d’alimentation de captage d’eau potableOn fait comme si on ne connaissait pas les mesures qui permettent de protéger la qualité de l’eau. On perd un temps précieux alors qu’on sait que la bio est la solution évidente pour sauver les aires d’alimentation de captages ».

8% de la SAU en zone de captage, 4% des zones de captage en AB et/ou Maec

Sanctuariser les aires d’alimentation de captages avec l’engagement d’une trajectoire d’arrêt de l’utilisation des pesticides et engrais minéraux de synthèse dans les aires d’alimentation de captages : c’est aussi ce que réclame la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), qui estime à 8% (soit 2,2 Mha) la SAU située dans le périmètre des 33.000 captages d’eau potable recensés sur le territoire métropolitain. En 2019, une enquête des Chambres d’agriculture avait estimé à 2Mha la SAU (soit 7%) incluse dans les AAC prioritaires, un chiffre sous-estimé du fait que de nombreuses AAC ne sont pas délimitées. In fine, est-ce le projet du gouvernement, qui vient de présenter sa « feuille de route » dédiée à la protection des AAC, et qui devrait déboucher sur des applications concrètes, au mieux en fin d’année ? La FNAB, qui affirme que seulement 4% de la SAU sise au sein des AAC est en AB ou sous Maec, répond par la négative, assimilant la feuille de route à « une coquille vide ».

Pas fan des Maec (du fait de l’absence d’évaluation d’impact) et à défaut de croire à une massification de la bio dans les AAC, la FNAB plaide pour un soutien accru à l’AB, via le relèvement de 4500 à 6000 euros par exploitation du crédit d’impôt bio jusqu’en 2028 et un écorégime bio à 145€/ha contre un peu moins de 100€/ha actuellement. Selon l’Inspection générale de l’environnement du développement durable (IGEDD), qui avait publié deux rapports en 2011 et 2025, comme le mentionne le projet de Stratégie nationale alimentation nutrition climat (SNANC), les dépenses de traitement de potabilisation supportées par collectivités locales du fait de la présence de produits phytos dans les nappes et rivières sont comprises entre 260 et 360 millions d’euros par an, et ne vont pas aller en diminuant (certains métabolites échappant à toute surveillance), tout en se complexifiant, le changement climatique exerçant une pression sur la ressource. De quoi subventionner, en coupant la poire en deux (310M€), plus de 2,1 millions d’ha à 145€/ha. Soit grosso modo la surface incluse dans les AAC, sans compter les autres bienfaits, en matière de biodiversité par exemple.