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Transition alimentaire : la SNANC en consultation publique
La Stratégie nationale de l’alimentation, de la nutrition et du climat (SNANC), qui vise à maximiser les bienfaits nutritionnels de notre assiette en minimisant ses impacts environnementaux, est en consultation jusqu’au 4 mai. Le Réseau Action Climat déplore un « manque d’ambition ».
« La stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat détermine les orientations de la politique de l’alimentation durable, moins émettrice de gaz à effet de serre, respectueuse de la santé humaine, davantage protectrice de la biodiversité, favorisant la résilience des systèmes agricoles et des systèmes alimentaires territoriaux et garante de la souveraineté alimentaire, ainsi que les orientations de la politique de la nutrition, en s’appuyant sur le programme national pour l’alimentation (PNA) et sur le programme national relatif à la nutrition et à la santé (PNNS) ». Tel est l’intitulé de l’article 265 de la loi climat et résilience du 22 août 2021 instituant la SNANC, que le gouvernement met en consultation jusqu’au 4 mai inclus.
Une alimentation saine et durable pour tous
La SNANC, programmée à l’origine pour juillet 2023, vise à maximiser les bienfaits nutritionnels de notre assiette en minimisant ses impacts environnementaux. Côté santé, l’objectif est de diminuer de 30%, par rapport à 2015, la prévalence de surpoids, dont l’obésité, chez les enfants et adolescents, et de 20% au sein des familles défavorisées. Comment ? En réduisant « efficacement l’exposition des enfants et des adolescents aux publicités et parrainages pour des produits trop gras, sucrés, salés », sur les différents médias (traditionnels et numériques) par la mise en œuvre de la Charte alimentaire 2025-2029.
Côté environnement, il s’agit d’atteindre les objectifs de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) à horizon 2030 par une évolution progressive vers des régimes alimentaires conformes aux repères du PNNS, c’est-à-dire notamment une augmentation de la consommation de fruits et légumes frais, de légumineuses et de céréales complètes, une consommation suffisante et limitée de poisson et de produits laitiers et une limitation de la consommation de viandes et de charcuterie, en particulier importées. Selon l’Ademe, les émissions de gaz à effet de serre du système alimentaire représentent environ 24% de l’empreinte carbone des ménages français.
Parmi les autres objectifs chiffrés figurent la cible de 12% de consommation de produits bio en valeur et en moyenne pour l’ensemble de la population sur l’ensemble des circuits de consommation, l’objectif d’achat d’au moins 50 % de produits « durables et de qualité », dont au moins 20% de produits bio, en restauration collective publique et privée tel que prévu par la loi Egalim, la couverture de 80% du territoire par des Projets alimentaires territoriaux (PAT) de niveau 2, tendre vers plus de 30 % la part de fruits et légumes dans l’offre de l’aide alimentaire et vers la disparition de l’insécurité alimentaire ou encore la réduction de 50% du gaspillage alimentaire d’ici 2025 pour la restauration collective et la distribution, et d’ici 2030 pour les autres secteurs par rapport à 2015, tel que prévu par la loi AGEC.
Les coûts cachés du système alimentaire français
En 2023, l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a estimé les coûts cachés du système alimentaire en France à environ 177,5 milliards d’euros, dont 134,3 Mds€ liés au fardeau des maladies chroniques liées à l’alimentation, 8,2 Mds€ liés aux externalités des émissions de gaz à effet de serre, 17,8 Mds€ liés au changement d’affectation des terres et 17,1 Mds€ aux émissions d’azote. « Ces coûts sociaux, environnementaux et sanitaires associés au système alimentaire français contribuent donc à appuyer, par une illustration quantitative de leur impact, l’importance de la mise en œuvre d’actions répondant à ces enjeux dans le cadre de la Stratégie nationale alimentation, nutrition et climat », lit-on dans le projet.
Le Réseau action climat sur sa faim
Pour le Réseau action climat, qui fédère des associations spécialiste des questions climatiques pour peser sur les choix politiques et citoyens, le projet de SNANC marque « un progrès vers la mise en œuvre d’une politique de l’alimentation dans une approche interministérielle » et présente « l’intérêt de mobiliser des leviers qui dépassent les seuls dispositifs d’information et de sensibilisation du consommateur », en ciblant également les industriels, les distributeurs et le secteur de la restauration hors-foyer pour améliorer la qualité des produits qu’ils proposent. « Mais si son squelette est plutôt solide, la SNANC manque cruellement de chair », déplore l’organisation, critique à deux endroits en particulier.
Le premier concerne l’absence, ou plus exactement, la disparition au fil des versions d’un objectif chiffré concernant la réduction de la consommation de viande, « pourtant essentielle pour améliorer la santé publique, atteindre nos objectifs climatiques et améliorer la souveraineté alimentaire de la France, indique Benoit Granier, responsable alimentation du Réseau action climat. En effet, la surconsommation de viande alimente les importations, qui représentent 30% de la viande consommée en France aujourd’hui ». La seconde critique majeure concerne l’absence de mesure « contraignante » pour limiter la publicité pour les produits trop gras, trop sucrés et trop salés ciblant les enfants. Le Réseau action climat invite le gouvernement « à revoir en profondeur sa stratégie » dans le cadre de la consultation publique.