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Vendredi 21/11/2025

Les femmes se sont fait une place dans l'agriculture

Les femmes ont toujours fait partie du paysage agricole. Pourtant, leur reconnaissance et leur intégration au sein de la profession ont longtemps été plus complexes. Entre santé, charge mentale et contraintes techniques, leur place dans la profession continue d'évoluer.

Depuis quelques années, la libération de la parole portée par les femmes du milieu agricole a permis d'aborder des sujets longtemps tabous : précarité, isolement, charge mentale. En brisant le silence, les agricultrices ouvrent la voie à davantage de prévention et à un accompagnement mieux adapté. La MSA multiplie ainsi les initiatives : formation d’assistante sociale spécialisée, dispositifs d'écoute, plateformes d'aide en cas d'épuisement professionnel ou encore le programme "aide au répit".

Les agricultrices sont aujourd'hui mieux informées sur leur santé que d'autres catégories professionnelles et savent plus facilement vers qui se tourner en cas de problème. Cependant, cette meilleure connaissance ne les protège pas toujours. Elles restent davantage exposées à certaines pathologies : insuffisance cardiaque, cancer de la peau, maladies inflammatoires chroniques ou maladie de Parkinson pour les non-salariées. Les salariées, elles, sont plus souvent suivies pour diabète et certains troubles addictifs. Ces femmes, surtout lorsqu'elles sont cheffes d'exploitation, sont plus difficiles à arrêter.

Des progrès techniques, mais des freins persistants

En parallèle, les évolutions technologiques ont profondément transformé le travail agricole. Les machines et la digitalisation facilitent certaines tâches, mais des obstacles persistent. Les imprévus liés à la vie de famille ou l'inadaptation du matériel à la morphologie féminine freinent encore certaines.

Il est nécessaire de prendre en compte la tâche pour créer un outil adapté, mais il est essentiel de prendre en compte la personne qui va avant tout l’utiliser » explique Fabienne Goutille, enseignante-chercheuse à l’Université Clermont-Auvergne.

La montée en puissance des femmes cheffes d'exploitation a justement permis de remettre ces problématiques au centre du débat. Grâce aux nouvelles technologies, les conditions de travail s'améliorent et permettent une meilleure répartition dans l'exécution des tâches.

« Ce n’est plus une question de savoir si je peux le faire, mais si j’aime le faire » appuie Séverine Darsonville, agricultrice installée depuis ses 18 ans.

Une reconnaissance récente, mais bien présente

Au-delà du matériel, c'est aussi la place des femmes qui change : « à l’époque, une femme cheffe ce n’était pas courant, ça sortait du cadre ; aujourd’hui ces situations existent beaucoup moins qu’il y a 15-20 ans » poursuit Séverine Darsonville. Si les mentalités ont évolué, cette progression reste récente. Les femmes s'imposent désormais plus facilement en tant que cheffe à part entière au sein des exploitations, en individuel ou société.

En 2023, parmi les 116 560 femmes actives non-salariées agricole, 103 236 étaient cheffes d'exploitation et 13 324 collaboratrices. En Auvergne-Rhône-Alpes, 78 % des femmes s’installent sous statut individuel, contre 67 % des hommes. Coté salariat, elles représentent 38,4 % des effectifs du régime.