Les petits veaux laitiers, victimes collatérales de la FCO et de la MHE

La profession réclame plus d’agilité aux centres d’allotement et plus de souplesse au gouvernement quant à l’administration des vaccins et la réalisation des tests PCR, le tout sur fond de marché porteur pour les petits veaux de 14 jours.

« Le petit veau noir qui ne valait rien il y a deux ans, aujourd’hui il a une valeur. Quand un marchand de bestiaux promène un veau qui vaut 200 euros, c’est mieux que 50 ans. Mais aujourd’hui, on est en train de casser cette valeur ». C’est ce qu’a dénoncé Yohann Barbe, président de la FNPL en conférence de presse au Sommet de l’élevage.

Parmi les revendications inhérentes aux épidémies de FCO et de MHE, à savoir une veille sanitaire digne de ce nom, une stratégie vaccinale large et simple d’application ou encore l’indemnisation des pertes directes et indirectes, la problématique des veaux de 14 jours a été évoquée. « Aujourd’hui, on a 60% de veaux positifs et 40% de veaux négatifs, donc on a de quoi fournir largement le marché extérieur, indique Yohann Barbe. Mais cela nécessite que les acteurs s’organisent en conséquence ».

Ce que la profession attend des centres d'allotement

Les éleveurs attendent des centres d’allotement qu’ils modifient la logistique à l’œuvre en matière de ramassage et d’expédition des veaux. « Les départs du mardi ne sont plus compatibles avec les délais nécessaires à la réalisation et à l’obtention des résultats des tests PCR, explique le président de la FNPL. Les centres d’allotement doivent s’organiser en conséquence pour que des veaux, finalement négatifs, partent effectivement à l’export ».

La requête de la profession consisterait en pratique à ramasser les veaux le dimanche sinon le lundi matin, combinée à la délivrance des résultats des tests PCR le lundi soir.

Ce que la profession attend du ministère

La FNPL a ainsi demandé au ministère de l’Agriculture de faire pression sur les laboratoires pour gagner en célérité. Mais elle préférerait carrément s’affranchir de la réalisation du test sur les petits veaux, ce qui n’est pas possible actuellement avec les vaccins ciblant la FCO-3 et la FCO-8. « Le vaccin espagnol le permet mais il coûte trois fois plus cher, indique le responsable syndical. Nous attendons du ministère qu’il regarde pourquoi nous n’avons pas l’équité ». La profession demande par ailleurs la fin de la certification de la vaccination par un vétérinaire pour les veaux destinés à l’export, alors que « l’on manque de vétérinaires. Vous imaginez les coûts en plus pour des veaux qui perdent de la valeur ? ».

"Chaque fois qu’un acteur met la pression, il fait perdre de la valeur"

Selon la FNPL, la situation actuelle crée de la « panique » chez les éleveurs avec des afflux prématurés de veaux dans les centres d’allotement, avec un soupçon de calcul de la part des intégrateurs. « Chaque fois qu’un acteur met la pression, il fait perdre de la valeur », dénonce Yohann Barbe. « On sent la mauvaise foi des centres d’allotement et des exportateurs, renchérit Stéphane Jouandel, secrétaire général de la FNPL. On a une baisse de cheptel, on manque de veaux, on doit garder cette valeur sur les exploitations ». Et de préciser que « les veaux positifs se portent parfaitement et grossissent comme les autres ».