En France, 84,4% du soja importé est garanti non-déforestant

Les fabricants d’aliment se sont fixés l’objectif d’atteindre les 100% cette année, conformément à l’engagement pris en 2022. Mais sont toujours en attente d’éclairage sur le règlement européen RDUE, censé entrer en vigueur en fin d’année.

38% en 2020, 73% en 2022, 84,4% en 2024 : telle est la progression du taux de soja importé en France pour la fabrication d’aliment du bétail et apportant la garantie aux fabricants que la gaine oléagineuse, majoritairement originaire du Brésil, n’est pas issue de la déforestation et/ou de la conversion des écosystèmes. « La Coopération Agricole Nutrition animale et le SNIA se félicitent des résultats de l’année 2024 qui confirment l’engagement fort et structurant du secteur de la nutrition animale, avec le dépassement de l’objectif fixé à 75% des volumes utilisés », soulignent les deux organisations dans un communiqué commun.

Une initiative remontant à 2016

C’est en 2016 que les opérateurs de la chaine alimentaire, des éleveurs aux distributeurs en passant par les importateurs et les fabricants d’aliments, s’engagent, sur une base volontaire, à remonter la chaine logistique d’approvisionnement, pour ne pas dire le maquis, des graines et tourteaux importés avec la plateforme et l’observatoire Duralim. En 2022, les fabricants, via La Coopération Agricole Nutrition animale et le SNIA, signaient le manifeste « Zéro déforestation importée », assorti d’un objectif à horizon 2025 : 100% d’approvisionnements avec des garanties de non-déforestation et de non-conversion des écosystèmes. Le manifeste repose sur des origines à faible risque et sur des schémas reconnus compatibles aux lignes directrices « soja responsable » de la Fédération européenne des aabricants d'aliments composés (FEFAC) avec des critères précis de traçabilité et de durabilité. Au vu de la courbe de progression, l’objectif de 100% semble à la portée des opérateurs. La France importe bon an mal an 3 millions de tonnes de soja.

Des clarifications attendues de Bruxelles

Si la démarche des fabricants d’aliments est volontaire, elle a pour toile de fond le règlement RDUE 2023/1115 qui vise à interdire la mise sur le marché ou l’exportation depuis le marché européen de produits ayant contribué à la déforestation ou à la dégradation des forêts après le 31 décembre 2020. Le champ d’application du texte couvre sept commodités que sont le café, le cacao, le caoutchouc, l'huile de palme, le soja, le bœuf et le bois, ainsi que certains produits dérivés comme le cuir, le charbon de bois, le papier imprimé. Le règlement demande aux entreprises concernées (opérateurs et commerçants tels que définis à l’article 2 du règlement) de garantir que les produits qu’elles exportent, mettent sur le marché ou mettent à disposition sur le marché comportent un risque nul ou négligeable de déforestation. Elles devront notamment géolocaliser l’origine des produits jusqu’aux parcelles de production.

Le règlement entrera en vigueur fin 2025, avec un an de retard par rapport à l’agenda initial. Mais La Coopération Agricole Nutrition animale et le SNIA sont toujours en attente d’informations de la part der Bruxelles. « Il est essentiel de rassurer les acteurs en présentant rapidement les règles de contrôle et en allégeant la charge administrative et le poids économique inhérents à la mise en œuvre du règlement en simplifiant autant que possible les obligations sans altérer l'essence du texte », requièrent les deux organisations.