Les records climatiques remplacent les records de rendements

Ce mois de mai 2022 est, selon Météo-France, le mois le plus chaud jamais enregistré en France depuis le début des mesures, avec une température moyenne supérieure de 3°C aux normales. Face à des phénomènes climatiques de plus en plus extrêmes, les rendements sont d’ores et déjà affectés.

[Edito] Mai 2022 surclasse ainsi mai 2011, dont la température moyenne s’établissait « seulement » 1,9°C au-dessus des normales (celles-ci étant établies sur la période de 30 ans 1981-2010). Selon Météo-France, ce mois de mai se démarque aussi par sa pluviométrie extrêmement déficitaire, « vraisemblablement parmi les mois de mai les plus secs avec mai 1989, mai 2011 et mai 1976 », cette dernière année marquant encore bon nombre de mémoires d’agriculteurs.

Un « joli mois de mai » chaud et sec donc, pour le plus grand bonheur des vacanciers, mais qui compromet dores et déjà le potentiel de rendement des céréales d’hiver, des fourrages et des cultures de printemps.

Fraichement nommée, la Première ministre Elisabeth Borne est déjà au chevet des agriculteurs, et promet que l’Etat va de nouveau sortir le chéquier cette année : outre les 400 millions d’euros prévus pour les éleveurs impactés par la hausse des coûts de l’alimentation (qui seront ouverts pour les éleveurs touchés par la sécheresse) les 100 millions d'euros supplémentaires mis à disposition des agences de l'eau, le dispositif des calamités agricoles pour les fourrages sera activé « partout où ça se justifiera », a-t-elle indiqué lors d’un déplacement le 26 mai sur une exploitation du Loiret.

Signe de l’impact de la sécheresse sur les cultures, les blés, qui étaient encore début mai dans de bonnes conditions, ont perdu 16 points de notation en l’espace de 15 jours. Et pour cause : le stress hydrique a été concomitant avec la période sensible de fertilité et de remplissage des épis. Si la situation est la plus alarmante dans l’extrême Sud-Est, qui présente un déficit de précipitations et de fortes évapotranspirations depuis plusieurs mois déjà, « les situations de stress hydrique progressent de jour en jour, affectant les sols superficiels partout en France, et pénalisant désormais des situations moyennes et profondes qui ne bénéficient pas de l’irrigation d’appoint », alerte l’institut technique Arvalis. Celui-ci vient d’ailleurs d’annoncer le jumelage entre des stations d’expérimentation portugaises et provençales, autour de l’adaptation au dérèglement climatique, et notamment les risques de sécheresses et de fortes températures.

Adaptation des variétés, modification des itinéraires de cultures, gestion de l’eau, augmentation de la fertilité des sols… les solutions d’adaptation au changement climatique sont multiples et doivent être expérimentées à large échelle. Car on le voit désormais, les records d’aujourd’hui seront les normes de demain, avec des sécheresses plus fréquentes et une multiplication des phénomènes extrêmes.