« Les tracteurs et la batteuse, ça ne rapporte rien »

Focalisés sur les coûts de production et la quête de valeur, Louis Gaujard et Valentin Callu affichent un détachement (presque) total aux machines. Ou quand la jeunesse rime avec hardiesse.

Ils sont amis depuis leurs études au lycée agricole du Chesnoy (Loiret). Ils sont titulaires d’un BTS Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole (Acse). A 25 ans pour Valentin Callu et 23 ans pour Louis Gaujard, ils sont déjà aux manettes de leur propre exploitation, 130 ha de céréales pour le premier et 60 ha de céréales et de maraichage pour le second, tous deux dans le Loiret. Autre point commun : ils sont obsédés par la maîtrise des coûts de production.

"Quand je démarre un engin, je sais combien il me coûte"

A la question-test : connaissez-vous vos charges de mécanisation, Valentin Callu saisit son smartphone et la réponse tombe dans les trois secondes : « 225 €/ha ». Louis Gaujard est davantage branché sur les tableaux Excel, qu’il n’a pas jugé bon d’emporter avec lui à Innov-Agri. « Chaque année en décembre, je sors mes coûts de production et mes charges de mécanisation, matériel par matériel, explique le jeune agriculteur installé à Vennecy (Loiret). Quand je démarre un engin, je sais combien il me coûte ».

A bonne(s) école(s)

Si l’un de leurs hémisphère est branché sur les coûts de production, l’autre est focalisé sur la quête de valeur. « Dans dix jours, j’ouvre un magasin pour vendre en direct ma production légumière, poursuit Louis Gaujard. Ma stratégie d’exploitation, c’est de capter de la valeur sans m’agrandir et de sécuriser mon activité. C’est la raison pour laquelle je préfère investir dans l’irrigation plutôt que dans du matériel ou encore dans un séchoir à maïs, avec de la prestation de service à la clé ». « Les tracteurs et la batteuse, ça ne rapporte rien », abonde Valentin Callu, installé à Coulmiers (Loiret).

"Aujourd’hui, je sécurise mon système et mon remboursement d’emprunt avec le labour"

Lui réfléchit à l’évolution de son système d’exploitation, avec des préoccupations liées au désherbage et au carbone. « Aujourd’hui, je suis en système labour et je pense y rester encore un certain temps car, pendant ma phase de remboursement d’emprunt, je considère qu’il sécurise mon système, explique-t-il. Mais j’essaie de me projeter dans des techniques alternatives, qu’il s’agisse de l’agriculture de conservation ou du recours au désherbage mécanique ».

Avec leur solide formation technico-économique, les deux jeunes producteurs ont été à bonne école. En prime, ils ont hérité chacun d’une culture familiale plutôt prudente sur les investissements matériels. « Mon père avait déjà un BTS Acse, souligne Louis Gaujard. Le matériel, c’était sans les options. J’avoue que dans certains cas, ça manque... ».