[Méthanisation] Agribiométhane, producteur de biogaz depuis dix ans

Inaugurée en 2014 par Stéphane Le Foll, ancien ministre de l’Agriculture et Gérald Mestrallet, PDG d’Engie, l’unité de méthanisation a parcouru du chemin depuis.

Ce projet collectif a été créé par quatre exploitations agricoles vendéennes et choletaises afin de valoriser leurs effluents d’élevage. Depuis ses débuts, le méthaniseur n’avale pas de CIVE ou de cultures et s’y tient. Damien Roy, agriculteur et président d’Agribiométhane, explique que dans son bâtiment, « le sol est raclé une dizaine de fois par jour et le lisier est directement pompé dans les fosses de stockage de la méthanisation afin d’avoir des effluents les plus frais possibles et ainsi perdre moins de méthane. » Pour donner un petit coup de boost au méthaniseur, Agribiométhane a fait le choix qu’un quart des matières valorisées par celui-ci proviennent des déchets agroalimentaires des restaurations collectives du territoire comme l’Ehpad de Cholet. « Un méthaniseur peut tourner tout seul avec du lisier et du fumier, mais il est moins rentable », précise le président.

Des produits verts

Chaque année, 26 000 tonnes de matières sont traitées par le digesteur. Une fois alimenté, le digesteur va brasser et chauffer les matières dans une enceinte privée d’oxygène. « Après plusieurs semaines, on obtient du biogaz d’un côté et du digestat de l’autre. Le biogaz va alors être épuré, car pour l’instant, il est composé de méthane, d’oxygène, d’eau et de soufre. » Le soufre va être capté par des biofiltres à charbon, et les molécules d’H2O vont être condensées pour séparer l’eau du biogaz. Ensuite, le biogaz va être mis en pression, et le CO2 va être piégé par des billes synthétiques de zéolithes et il ne reste plus que le biométhane. Ce gaz vert peut alors être injecté dans le réseau de distribution de gaz, exploité par GRDF depuis 2014. « Sur l’unité de méthanisation Agribiométhane, nous produisons près de 12 GWh d’énergie verte par an, qui sont consommés localement par GRDF et notre station de BioGNV. Créé en 2017, Agribiométhane possède la première station de BioGNV de l’Ouest et elle approvisionne quotidiennement une flotte de cinquante camions, cinq cars et trente véhicules légers. »

Le digestat quant à lui va servir à fertiliser les terres. « On s’en sert comme engrais naturel en substitution aux engrais chimiques. » Après huit ans d’utilisation, et une étude réalisée avec le service agronomique de Cerfrance, les agriculteurs ont enfin un retour d’expérience sur l’impact du digestat sur la qualité des terres. « On avait peur d’impacter la fertilité du sol : tassement, perte de matières organiques, baisse de la vie biologique… Mais, aujourd’hui on constate qu’il n’y a pas d’impact sur la matière organique du sol, celui-ci a même un meilleur équilibre lié (humus) avec un bon état microbiologique et une vie du sol dynamique, sans acidification. Le digestat permet également des épandages sans odeur avec une meilleure valorisation que l’ammonitrate de synthèse, et surtout une économie d’engrais. » Au cours de la dernière décennie, le digestat produit par l’unité de méthanisation a amendé les terres agricoles des quatre exploitations, permettant l’économie de 80 tonnes d’engrais azoté chaque année. 

Un méthaniseur intégré dans le territoire

Agribiométhane, est une unité de méthanisation de taille moyenne, intégrée dans son territoire avec des engagements écologiques forts. Le premier frein à la création des unités de méthanisation, ce sont les odeurs. Agribiométhane a trouvé des solutions. « Le bâtiment qui accueille les déchets est mis en dépression, ce qui permet de contenir les mauvaises odeurs et d’aspirer l’air environnant. Ainsi, aucune odeur n’émane des opérations de déversement. L’air aspiré passe par un biofiltre composé de tourbes et d’écorces humides dont la fonction est de piéger les odeurs pendant que des bactéries désodorisent au maximum l’air traité. De plus, tous les déchets sont stockés dans des fosses, hormis certains déchets secs comme de la farine déclassée », expose Damien Roy. L’engagement écologique d’Agribiométhane est fort, en plus de produire une énergie verte, le site s’est équipé de panneaux solaires, qui vont produire un tiers de leur consommation électrique pour le fonctionnement de l’unité. D’après le DIGES 3, établi par l’Ademe, le bilan carbone de l’unité de méthanisation est de -4 249 tonnes de CO2 évitées à ce jour. Mais, Agribiométhane ne compte pas en rester là. Dans les prochaines semaines, l’unité de méthanisation va encore réduire son bilan carbone avec la mise en route d’un module de liquéfaction du CO2. Pour Damien Roy, « l’objectif est de récupérer 1 500 tonnes de CO2 du biogaz. Une fois liquide, il sera vendu aux industries agro-alimentaires qui vont s’en servir notamment pour la conservation des aliments. »