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Quelle place pour l’agriculture en 2035 ?
Quels sont les enjeux de l’agriculture dans les dix prochaines années ?
Améliorations des connaissances agronomiques, développement des technologies embarquées, nouveaux circuits de distribution… Sur le papier, l’agriculture française a de beaux jours devant elle. Pour en avoir le cœur net, plusieurs élèves du lycée agricole de Fondettes ont convié, un jour durant, plusieurs spécialistes sur ces sujets.
Quels sont les enjeux de l’agriculture dans les dix prochaines années ? La question intéresse inévitablement la profession, mais aussi la jeunesse qui suit une formation agricole. C’est dans ce cadre que des étudiants de terminale CGEA en polyculture élevage du lycée agricole de Fondettes ont organisé Fest’avenir, une journée consacrée à ce sujet, à laquelle ils avaient invité leurs collègues du lycée Naturapolis de Châteauroux.
Trois thèmes ont été développés : l’intérêt de l’élevage dans la fertilité des sols, les apports technologiques dans l’amélioration des performances des exploitations et l’aspect commercialisation avec la valorisation des produits locaux. Deux éleveurs sont venus étayer le débat initié par Pierre Rubin, ingénieur agronome pour “ La Vache Heureuse ”, société normande spécialisée dans l’autonomie protéique des élevages de ruminants. Cette autonomie concourt à améliorer les structures de sols, selon l’ingénieur.
Il considère qu’un sol vivant contient 3,5 tonnes de vers de terre à l’hectare, soit 5 UGB. « Il est très important de nourrir cette faune. Un sol bien nourri est un sol qui produit », a-t-il appuyé. La diminution du travail du sol et sa couverture systématique est à ses yeux une nécessité, considérant qu’il est primordial de « mener une prairie comme un céréalier le fait pour une culture de vente. » La production de luzerne, trèfles et autres méteils est indispensable pour remplir l’auge et fixer l’azote de l’air. Tout comme la fertilisation grâce aux effluents d’élevage et demain, aux digestats de méthaniseurs. « Il faut contrebalancer les importantes exportations engendrées par les récoltes fourragères », a-t-il rappelé.
UN PARTAGE D’EXPÉRIENCES
Puis Vincent Léquippé, éleveur laitier à Couesmes (37), a souligné l’importance de maintenir une productivité de son système. « Ce point est très important, car nous sommes là pour produire de l’alimentation au plus grand nombre, tout en vivant décemment de notre métier », a-t-il insisté.
Le sur-semis de prairie, la mise en place de couverts en interculture, l’utilisation d’un semoir “ direct ”, la diminution de la sole de maïs ensilage, etc. sont autant de pratiques qu’il expérimente depuis sept ans. « C’est un travail de longue haleine, on a fait et on continue de faire des erreurs, mais on avance dans le bon sens et ces pratiques sont plus résilientes dans un système global d’exploitation. »
Idem pour Basile Rochette, éleveur allaitant à Vernou-sur-Brenne (37), qui ensemence ses fumiers de bactéries et champignons afin d’obtenir des composts plus riches pour ses sols. L’éleveur est un fervent défenseur du pâturage dynamique. « J’ai un chargement à l’instant T lourd, de 100 UGB/ha/j. Je change de prairie quotidiennement et y reviens toutes les trois semaines environ. Résultat ? J’ai augmenté ma production de viande à l’hectare de l’ordre de 30 %. »
Cultivant des prairies permanentes en zone inondable, il est lui aussi revenu sur l’intérêt d’une couverture permanente des sols. « Certains de mes voisins céréaliers labourent et voient toutes leur matière organique disparaître à chaque crue de la Loire. » Qui dit fort taux de matière organique, dit bonne réserve utile et donc résilience accrue des plantes face aux sécheresses de plus en plus fréquentes. Agriculteurs et techniciens sont unanimes. La mise en place de nouveaux systèmes de production et les changements de pratiques agronomiques entraînent une prise de risques importante. Dans ce cadre, les échanges, les partages d’expériences, la formation continuelle, la prise en compte de conseils extérieurs sont primordiaux. Sans oublier le rôle sociétal de l’élevage, via l’entretien des paysages, autre enjeu de demain. Enjeux dont veulent se saisir les jeunes avides de solutions et friands de retours d’expériences, comme en témoigne l’organisation de cette journée.