Seederal, le (gros) tracteur électrique français qui monte en charge

La start-up bretonne Seederal annonce pour 2025 la mise sur le marché d’un tracteur 100% électrique, développant 160 ch et doté d’une autonomie comprise entre 8 et 12 heures, rechargeable en 2 heures, pour un coût de revient inférieur à celui d’un équivalent thermique.

« Les constructeurs traditionnels s’évertuent à dire qu’il faut 13 tonnes de batterie pour électrifier un tracteur, ce n’est pas notre postulat ». En une phrase, Arthur Rivoal, co-fondateur avec Antoine Venet de Seederal, résume l’enjeu et le défi posés par l’électrification des tracteurs de moyenne et de forte puissance, qui constitue un ilot de résistance à la décarbonation et une inféodation aux énergies fossiles.

Jusqu’à présent. Car sur la balance, le Seederal affiche 7 tonnes, soit un poids légèrement inférieur à son équivalent thermique de 160 ch. « La batterie et la chaine de traction électrique sont au cœur de notre savoir-faire », poursuit l’ingénieur. L’architecture du tracteur repose sur un châssis-batterie intégré pour atteindre une densité maximale sur le secteur batterie. Le concept n’est pas sans rappeler celui adopté par le disruptif Tesla qui, dans un autre secteur de la mobilité, a doublé par la droite les constructeurs de la place.

Une autonomie comprise entre 8 et 12 heures

Seederal n’en est pas encore là mais les tests du POC (Proof of concept ou preuve de concept) sont jugés suffisamment concluants pour que les deux ingénieurs poursuivent une aventure née en Bretagne en 2021, qui a bénéficié en 2022 d’une première levée de fonds (1,2M€) et du soutien de Bpifrance, de la Région Bretagne et du Crédit Agricole du Finistère.

L’autre singularité du POC est l’absence de boite de vitesse, un organe autour duquel s’assemble un tracteur conventionnel. « Seederal a pu s’en départir grâce aux performances des moteurs électriques et à l’architecture soigneusement conçue de sa transmission », poursuit Arthur Rivoal. Le néo-tractoriste annonce une autonomie comprise entre 8 et 12 heures et un temps de recharge plancher de deux heures. De quoi faire deux journées en une comme peut parfois le réclamer le métier.

Plus économique qu'un thermique

Décarboné, léger, endurant, polyvalent (traction, prise de force, hydraulique), le Seederal entend aussi titiller la concurrence au plan économique. « Notre tracteur sera plus cher à l’achat, concède Arthur Rivoal. Mais sur la base d’une utilisation annuelle comprise entre 500 et 700 heures sur une durée de sept ans, il sera moins cher à l’usage et au global moins onéreux », assure l’ingénieur, qui met en avant une réduction de la facture énergétique et des frais de maintenance, comparativement au thermique.

"C’est un tracteur qui envoie, on ne sent pas la différence avec un tracteur thermique "

Côté sensations, « c’est un tracteur qui envoie, on ne sent pas la différence avec un tracteur thermique », a commenté Estelle Leblay, marketing manager chez Sky Agriculture (Groupe Burel) et qui a eu l’occasion de tester le tracteur il y a quelques semaines, avec le semoir direct Easydrill en 4 mètres et le déchaumeur Methys HDS en 5 mètres.

Commercialisation à partir de 2025

Seederal va mettre à profit l’année 2024 pour poursuivre les tests au champ et achever de concevoir les autres éléments constitutifs du tracteur, notamment la cabine et le châssis, aujourd’hui empruntés au constructeur britannique JCB, lui-même engagé dans l’électrification mais aussi dans le moteur à hydrogène. Fort d’une nouvelle levée de fonds de 7,1 millions d’euros, à laquelle a contribué le Crédit Agricole du Morbihan via le Fonds CA Morbihan Expansion, et d’une aide de 3,7 millions d’euros au titre de France 2030, Seederal aborde aussi sa phase d’industrialisation. Le premier Seederal devrait sortir d’usine en 2025, quelque part en Bretagne...