Supercellules et orages diluviens au menu de la météo estivale

Plusieurs vagues orageuses parfois violentes se sont succédées au cours du mois de juin, mais toutes n’ont pas présenté les mêmes caractéristiques. Deux types de dégradations orageuses avec des conséquences assez distinctes ont été observées. Pierre Huat, météorologiste chez DTN, décrypte ces évènements météo et les prévisions pour les jours à venir.

Après les fortes chaleurs du milieu du mois, des orages virulents se sont développés sur le pays, notamment durant la journée du 19 juin. Ils se sont mis en place à l’avant d’une zone dépressionnaire (contenant de l’air frais) située sur l’Atlantique, qui est venue en contact avec le dôme d’air chaud (anticyclonique) présent sur le territoire. Avec l’avancée de cette zone dépressionnaire (qu’on appelle un thalweg) vers la France, un vaste système orageux s’est organisé sur un axe allant du sud-ouest au nord-est du pays, générant une succession de lignes orageuses organisées remontant dans cette zone. « C’est dans ces conditions de fort contraste de masse d’air et lorsqu’on observe un certain dynamisme entre zones anticycloniques et dépressionnaires qu’on assiste à la naissance des orages les plus virulents : les supercellules », explique Pierre Huat.

« C’est ce qu’il s’est passé le 19 juin, notamment dans le Centre et en Champagne, où nous avons observé des phénomènes très intenses, comme la grêle, une forte activité électrique, de très fortes rafales de vent et même des tornades », poursuit le météorologiste. Ces orages sont en revanche très dynamiques et passent relativement rapidement, proposant de fortes intensités de pluies mais pas forcément durables (on évite alors généralement les inondations).

Plusieurs mois de pluie en quelques heures

Dans la continuité de ce 19 juin, durant les jours suivants, l’air dépressionnaire présent sur l’Atlantique et venu s’installer sur le pays, formant ce qu’on appelle une « goutte froide », un dôme d’air plus instable et frais, isolé de la circulation dépressionnaire classique. « Cette configuration est quant à elle favorable à la formation d’orages d’un type assez différents », indique Pierre Huat. Ceux-ci sont alimentés par la différence de température entre l’air frais d’altitude accompagnant la goutte froide, et l’air plus chaud situé en cette saison près du sol. « Ils se développent alors très fréquemment (sous la goutte froide), de façon anarchique, isolés les uns des autres et sans organisation particulière, et généralement sans prendre de caractère aggravant. Le manque de dynamisme les rend en revanche très peu mobiles, ce qui explique qu’ils sont parfois très pluvieux, puisqu’ils stagnent dans la même zone parfois plusieurs heures », précise le météorologiste.

C’est ce qu’il s’est passé à Beauvais et dans d’autres communes du nord de la France entre le 21 et le 22 juin, où il est tombé en quelques heures l’équivalent de parfois plusieurs mois de pluie, provoquant d’importantes inondations.

Un bilan très hétérogène

Au bilan, le mois de juin montre un excédent de précipitations d’environ 25 à 30 % à l’échelle nationale, mais ce chiffre cache de grandes disparités, dues aux dégradations orageuses qui n’ont pas concerné toutes les régions. Le sud-est méditerranéen du pays a par exemple été en grande partie épargné par les pluies orageuses, avec des déficits importants à Marseille (-77%), Nice (-93%) ou encore Ajaccio (-92%). Plus ponctuellement, d’autres villes ont été relativement peu concernées par les orages, parfois à contrario de leurs propres régions. « C’est le cas par exemple de Dijon, où l’on observe un déficit de 39%, alors même que de violents orages se sont développés aux alentours », note Pierre Huat.  Enfin, sur un axe allant du sud-ouest aux frontières du nord-est, on retrouve en revanche de gros excédents de précipitations, là où les orages ont été les plus fréquents et les plus importants. On citera alors Biarritz (+119%), Paris (+117%), Bordeaux (+116%) ou encore Tours (+227%) !

Retour des conditions chaudes

Du côté des températures, avec +2,1°C environ d’excédent à l’échelle nationale, ce mois de juin renoue avec des conditions plutôt plus chaudes que la normale, après un printemps plus tempéré. Si ce constat est général à l’échelle du pays, c’est tout de même en allant vers l’Est qu’on retrouve les excédents les plus marqués, avec par exemple +3°C à Nancy, ou encore +3,4°C à Strasbourg. Les régions bordant l’Atlantique sont au contraire plus proches des normes, avec « seulement » +0,6°C à Brest et +0,7°C à Biarritz.

« Pour ce début de mois de juillet, nous serons en partie sous l’influence du flux perturbé d’ouest, prévoit Pierre Huat. En conséquence, des perturbations vont circuler sur les deux tiers nord du pays en y apportant un temps souvent maussade et parfois pluvieux, en revanche peu orageux. Sur le tiers sud du pays, un temps plus calme et agréable sera de mise, plus conforme à la période, contrairement au nord du pays où l’ambiance ne sera pas très estivale ».