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Surtaxes chinoises, Mercosur, Ukraine : les filières animales sur le qui-vive
La filière porcine redoute l’instauration de surtaxes en réponse à celles appliquées par l’UE sur les véhicules électriques chinois tandis que les filières bovine et avicole veulent voir enterrer le projet d’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur, à quelques semaines d’un G20 décisif. L’Ukraine est dans le viseur de la filière œufs.
Depuis le 11 octobre dernier, la Chine impose aux importateurs de cognac européen de déposer une caution auprès des douanes chinoises, pouvant atteindre jusqu’à 35% de la valeur des spiritueux après la décision de l'UE d'imposer des surtaxes supplémentaires sur les véhicules fabriqués en Chine et vendus à des prix artificiellement bas, sous l’effet de subvention d’Etat faussant la concurrence, selon Bruxelles.
Équilibres matière
Les producteurs français de porcs craignent d’être les prochaines victimes du bras de fer commercial à l’œuvre en la Chine et l’UE. « La mise en place de taxes supplémentaires à l’export vers la Chine déstabiliserait l’ensemble de la filière porcine française car les flux d’exportation de toutes les viandes européennes vers la Chine diminueraient et la valorisation des abats de porcs baisserait fortement, dénonce Inaporc dans un communiqué. Les pertes directes vont se doubler d’un engorgement du marché européen ». L’interprofession rappelle au passage que la Chine est la première destination pour l’exportation du porc européen, à hauteur de 2,5 milliards d’euros en 2023.
Cette même année, la France a exporté 115.700 tonnes de produits porcins vers la Chine, l’équivalent de 16% des exportations totales de porc. Pour l’interprofession, le coup serait d’autant plus rude qu’en mai dernier, lors de la visite du président chinois en France, les deux pays avaient conclu un accord, ouvrant le marché chinois aux abats blancs (estomac, intestins…) tricolores avec à la clé une hausse de 10% des exportations équivalant à environ 26n millions d’euros. L’interprofession réclame le soutien des autorités européenne et nationale, pour « continuer à produire et transformer des porcs en France et à investir dans des pratiques durables », le porc étant « la seule viande en France dont la production couvre la consommation hexagonale ».
L’accord UE-Mercosur dans la dernière ligne droite ?
Aux antipodes de la Chine se trame d’autres enjeux commerciaux concernant d’autres filières, à savoir le bœuf et la volaille. Lancé en 1999, l’accord entre l’UE et le Mercosur pourrait être formalisé lors du prochain G20 à Rio les 18 et 19 novembre prochain, en dépit du véto énoncé par Emmanuel Macron à plusieurs reprises. Selon la Confédération paysanne, la France n'a en réalité jamais retiré son appui au mandat de négociation dont la Commission européenne dispose depuis 1999. Et elle n'a jamais proposé à Bruxelles de reprendre les négociations à zéro. « C'est donc au nom de la France et des 26 autres États-Membres que la Commission poursuit les négociations et et celle-ci serait désormais prête à mettre en minorité les États européens s'opposant à l'accord, dont la France, pour que l'accord puisse être ratifié une fois finalisé », écrit le syndicat, qui n’est pas le seul à monter au créneau.
Avec les JA, la FNSEA et plusieurs de ses associations spécialisées, dont la CFA et la FNB, demandent « l’arrêt total de ces négociations et appellent le chef de l’Etat et le Premier ministre français à faire respecter la position de la France pour mettre définitivement fin aux discussions ». En outre, les organisation s’inquiètent du projet prêté à la Commission européenne d’ouvrir un fonds d’indemnisation au bénéfice deqs agriculteurs européens. Un projet qualifié de « provocation » par le syndicat majoritaire. « Cela consisterait à brader notre agriculture et à condamner la pérennité de nos exploitations en important l’alimentation que l’Europe ne veut pas », citant l’utilisation d’antibiotiques activateurs de croissance, l’absence de traçabilité, l’usage de substances actives phytosanitaires interdites en France dont certaines depuis plus de 20 ans, l’absence de droit social, la déforestation etc.
Le projet d’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Bolivie et Paraguay) ouvrirait la porte à 99.000 tonnes de viandes bovines, à 180.000 tonnes de viandes de volaille, à l’équivalent de 3,4 millions de tonnes de maïs, à 180.000 tonnes de sucre (soit la production d’une sucrerie française), à 8,2 Mhl de biocarburants (soit la moitié de la production française).
L’Ukraine dans le viseur de la filière œufs
De son côté, le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO) s’inquiète de la menace que font peser les importations en provenance d’Ukraine. En 2023, les quantités importées par l’Union européenne ont progressé de 108 % par rapport à 2022, pour atteindre près de 50.000 tonnes (équivalent œuf coquille - teoc). De janvier à début septembre 2024, les importations européennes en provenance d’Ukraine affichent +35 % par rapport à la même période 2023. « Si les professionnels des Œufs de France sont solidaires des Ukrainiens, ils ne peuvent cependant pas accepter la concurrence d’œufs à bas coût, non soumis aux mêmes contraintes que leurs produits et demandent le contrôle systématique par les autorités sanitaires françaises des œufs importés à l’identique des contrôles effectués sur les œufs français », met en garde le CNPO.