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Taxes Trump : la filière vitivinicole appelle à poursuivre les négociations
Au nom des 58.000 exploitations viticoles françaises, la CNAOC invite les autorités européennes à ouvrir des négociations « justes et apaisées » avec les Etats-Unis, qui viennent d’instaurer 20% de droits additionnels sur l’ensemble des produits européens. La FEVS redoute une baisse des ventes de 800 millions d’euros, équivalant à 21% du chiffre d’affaires réalisé par la filière au Etats-Unis.
« Nous encourageons avec force, la Commission européenne à ouvrir des négociations justes et apaisées pour nous permettre d’obtenir une baisse de cette taxation afin de maintenir les flux commerciaux plus que jamais nécessaires dans le contexte que nous vivons ». Telle est la réaction de la Confédération nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie de vin à appellations d’origine contrôlées (CNAOC) au lendemain de l’annonce par Donald Trump de l’instauration unilatérale de nouveaux droit sde douane, dans des proportions comprises entre 10% et 49% selon les pays.
L’Europe est frappée à hauteur de 20% et la mesure s’applique aux vins et spiritueux. « Un potentiel recul des exportations aura vraisemblablement des conséquences à plusieurs centaines de millions d’euros et mettra en péril des milliers d’exploitations viticoles et des pans entiers des territoires ruraux », prédit la CNAOC.
Vins et spiritueux confondus, les Etats-Unis représentent le 1er marché à l’export. En 2024, selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), la France y a exporté pour 2,3 milliards d’euros de vins et 1,48 milliard d’euros de spiritueux, soit 3,8 milliards d’euros, équivalant à 24,5% du total des exportations, loin devant le Royaume-Uni (10,7%) et la Chine (6,1%). La Chine qui a prolongé jusqu’au 5 juillet prochain son enquête antidumping sur les importations de brandys en provenance de l’UE, une épée de Damoclès au-dessus du Cognac.
« La viticulture française a déjà un genou à terre »
La décision américaine est d’autant plus malvenue que « la viticulture française a déjà un genou à terre », selon l’expression de la CNAOC, citant l’inflation, les aléas climatiques, la baisse de la consommation, le nombre de cessations d’activité ou encore les 50.000 hectares arrachés au cours de la période récente, avec notamment le plan de réduction du potentiel viticole national et le dispositif d’arrachage sanitaire propre au vignoble bordelais. « A court terme, nous ne pourrons pas palier les déficits commerciaux par une ouverture sur des marchés de substitution. Il nous faudra des années pour arriver à trouver un niveau de valorisation égal dans d’autres pays », admet la CNAOC. D’où l’appel à la négociation entre Bruxelles et Washington.
La filière vitivinicole, ses 58.000 exploitations, ses 440.000 emplois directs et indirects pour les vins et 70.000 pour les spiritueux.et la filière, s’accrochent à des déclarations de bonnes intentions de part et d’autre de l’Atlantique, relevant que le président américain a déclaré ce weekend sur la chaîne américaine NBC News « être ouvert à des accords avec les pays cherchant à éviter les droits de douane et qu'il pourrait se montrer généreux, si les gens sont prêts à nous donner quelque chose de grande valeur en retour » et que la Commission européenne s'est déclarée « prête à engager un dialogue constructif avec les Etats-Unis, affirmant qu’un engagement continu et une approche positive constituent la meilleure voie à suivre ».
La FEVS sur la même ligne
La Fédération des exportateurs de vins et spiritueux évalue à 800 millions d’euros le recul des exportations françaises vers les Etats-Unis, et à 1,6 milliard d’euros pour l’ensemble des opérateurs de l’UE. Face au risque que « l’affrontement tarifaire ne fasse que des perdants », tout autant en Europe qu’aux Etats-Unis, la fédération appelle la Commission européenne à mettre en place « un agenda positif favorisant l’accès équitable et réciproque aux vins et spiritueux par l’élimination des droits de douane des deux côtés de l’Atlantique ».