[Témoignage de Camille] Produire mieux dans un environnement qui évolue

Changer ses pratiques, revoir une partie de son système d’exploitation : rencontre avec Camille Fardouet, producteur de lait en Indre-et-Loire, convaincu que l’agriculture doit s’adapter.

A la suite de son cursus agricole et d’un voyage d’étude outre-Atlantique, Camille Fardouet s’associe avec son père en 2009 sur l’exploitation familiale à Sorigny (Indre-et-Loire). Dès 2010, les deux hommes actent la construction d’un nouveau bâtiment, plus fonctionnel.

C’est à cette période qu’intervient le robot pour assurer la traite des 65 vaches. Les deux hommes en profitent également pour investir dans un système de traitement de l’eau. Hormis l’amélioration de l’abreuvement des animaux, ce dernier permet d’ajuster le pH pour augmenter l’efficacité des produits phytosanitaires.

Afin de subvenir aux besoins du troupeau, la moitié de la SAU de l’exploitation est consacrée à la surface fourragère : 40 ha de prairie et une trentaine de maïs ensilage. Viennent s’ajouter une cinquantaine d’hectares de blé tendre, une quinzaine d’orge d’hiver et autant de tournesol.

Camille Fardouet reprend l’intégralité de l’atelier céréales de la ferme en 2020. « Avant cette date, c’est mon père qui effectuait les pulvérisations et les apports de fertilisants », précise-t-il.

Réduire les IFT

"Le prix du lait est relativement élevé actuellement. Ce gain financier, je préfère le mettre au profit de mes cultures plutôt que dans l’achat de matériel par exemple "

Pour parvenir à l’objectif de réduire ses applications phytos, il mène des essais en partenariat avec son fournisseur d’intrants. « Le prix du lait est relativement élevé actuellement. Ce gain financier, je préfère le mettre au profit de mes cultures plutôt que dans l’achat de matériel par exemple », détaillet-il.

"Ces dernières sont censées amener une meilleure résistance des plantes au stress thermique, tout en améliorant leur assimilation des éléments nutritifs du sol. "

Cette année donc, il a épandu des algues sur ses céréales à paille. « Ces dernières sont censées amener une meilleure résistance des plantes au stress thermique, tout en améliorant leur assimilation des éléments nutritifs du sol. »

"Nous, agriculteurs, devons réduire notre impact sur l’environnement. Pour y parvenir, nous devons essayer des choses"

Côté ravageurs du maïs, il emploie des trichogrammes pour lutter contre la pyrale. « Nous, agriculteurs, devons réduire notre impact sur l’environnement. Pour y parvenir, nous devons essayer des choses », insiste le jeune agriculteur.

"« Il est très rare que j’intervienne sur les adventices au printemps dans les céréales à paille »"

Idem pour le rattrapage de désherbage en sortie d’hiver. « Il est très rare que j’intervienne sur les adventices au printemps dans les céréales à paille », relève-t-il.

Au niveau semences, orges et blés sont exclusivement certifiées. « Cette année, mon fournisseur a pu m’approvisionner en semences en mélange », se réjouit Camille Fardouet.

Outre le gain de temps, utiliser des semences certifiées lui permet d’être moins en contact avec le produit lors de l’application du traitement des semences. En maïs, les variétés diffèrent en fonction des rangs. Précocité et capacité à résister aux ravageurs ou au stress hydrique sont ainsi mélangées.

Repenser la fertilisation

"j’emploie de l’urée protégée, détaille-t-il. Outre le fait qu’elle soit moins volatile et donc moins polluante pour l’atmosphère, elle reste aussi assimilable par les plantes"

En ce qui concerne les amendements, là aussi Camille Fardouet est vigilant : « En engrais pur sur céréales à paille, je n’effectue que deux passages. » Le premier est composé d’azote soufrée. Le second contient de l’ammonitrate pur. « Dorénavant, j’emploie de l’urée protégée, détaille-t-il. Outre le fait qu’elle soit moins volatile et donc moins polluante pour l’atmosphère, elle reste aussi assimilable par les plantes. Bien que plus chère, elle semble être plus efficace. »

Le dernier apport est constitué d’infolen, nouveau produit mélangé au fongicide à hauteur de 40 l/ha. Amenant azote soufrée et magnésium, ce produit composé d’algues brunes et d’extraits végétaux stimule la croissance des plantes. Idem en maïs où les apports d’urée sont passés de 140 à 100 unités.

« J’ai remplacé les 40 unités manquantes par des bactéries, explique Camille Fardouet. Ces dernières vivent en symbiose avec la plante et captent l’azote de l’air pour la restituer au maïs. Certes, les interventions sont plus délicates. Je dois intervenir quand le maïs est très réceptif. Dans l’idéal, une heure après le lever du soleil. »

"Nous avons ainsi un recul important. Jamais nous ne faisons un blé sur blé par exemple. "

La rotation est aussi un levier agronomique important pour le jeune agriculteur. « Toutes les parcelles sont répertoriées depuis 2004 avec les cultures produites chaque année. Nous avons ainsi un recul important. Jamais nous ne faisons un blé sur blé par exemple. »

"Quand je suis avec mon pulvé, les gens me regardent différemment. Alors que bien souvent, ce sont des produits biologiques dans la cuve."

Pour lui, seuls deux points sont perfectibles : la communication et le port des EPI. « Quand je suis avec mon pulvé, les gens me regardent différemment. Alors que bien souvent, ce sont des produits biologiques dans la cuve. Mais rien ne le précise aux riverains », regrette-t-il. Pour les protections individuelles, il sait qu’il a encore des choses à améliorer.

"Même sj’utilise masque et gants au remplissage, j’aimerais équiper mon tracteur avec des filtres à charbons actifs pour me protéger davantage lors de l’épandage"

« Même si j’utilise masque et gants au remplissage, j’aimerais équiper mon tracteur avec des filtres à charbons actifs pour me protéger davantage lors de l’épandage. » Cependant le tracteur dédié au pulvérisateur l’est aussi à la pailleuse. « Je devrais alors enlever systématiquement mes filtres pour les préserver. Sur mon modèle de tracteur, c’est assez fastidieux », reconnait l’agriculteur.