Traitements à la floraison : une plage horaire de cinq heures autour du coucher du soleil

Insecticides, acaricides mais aussi fongicides et autres produits phytosanitaires devront désormais être appliqués entre deux heures avant et trois heures après le coucher du soleil sur les cultures attractives et les zones de butinage en période de floraison.

Publié au journal officiel le 21 novembre 2021, le nouvel arrêté « abeille » abroge celui du 28 novembre 2003, qui autorisait, par dérogation, l’usage de d’insecticides et d’acaricides en période de floraison ou de production d’exsudats pour peu que les produits en question soient porteurs de l’une des trois mentions « abeille ». C’est toujours le cas avec le nouvel arrêté, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2022, à ce ceci près que ce dernier introduit une restriction horaire : les insecticides et acaricides concernés devront être appliqués entre deux heures avant et trois heures après le coucher du soleil.  « Les études scientifiques montrent que les abeilles sont principalement présentes en milieu de journée, explique le ministère de l’Agriculture. Leur présence décroit au cours de l’après-midi, et de façon particulièrement forte à partir de deux heures avant le coucher du soleil, avant de disparaître complètement au coucher du soleil. L’arrêté est le fruit d’un compromis qui permet de ménager des conditions de travail acceptables pour les agriculteurs tout en étant très protecteur pour les abeilles ».

Une dérogation « température basse » en 2022

Scientifiquement pertinent, simple et prévisible, le critère horaire a été préféré à celui de la température, mis en avant par certaines parties prenantes au cours du processus de concertation. Cependant, à titre temporaire, soit du 20 novembre 2021 au 19 juillet 2022, « l'application peut aussi être réalisée sans contrainte horaire à condition que la température soit suffisamment basse pour éviter la présence d'abeille ».

A terme, l’arrêté n’exclut pas la possibilité de traiter en dehors de la plage horaire si des outils d’aide à la décision ou des technologies apportent les mêmes garanties de protection vis-à-vis des pollinisateurs. L’arrêté ouvre ainsi la voie à un cadre expérimental d’une durée maximale de trois ans, avec évaluation finale de l’Anses.

Pas de contraintes horaires dans deux cas

En outre, l’arrêté prévoit l’abolition des contraintes horaires dans deux cas de figure : en présence de bioagresseurs actifs uniquement le jour d’une part et d’autre part en cas de développement d’une maladie dont le traitement fongicide ne peut pas attendre la plage des deux et trois heures avant et après le coucher du soleil.

A noter que lorsqu'un couvert végétal au sein d’une culture pérenne constitue une zone de butinage, le couvert devra être rendu non attractif pour les pollinisateurs préalablement à tout traitement insecticide ou acaricide.

Les fongicides aussi

L’arrêté du 20 novembre 2020 ne modifie pas seulement le champ d’application des insecticides et des acaricides. Il s’applique en fait à l’ensemble des produits phytopharmaceutiques et notamment aux fongicides (hors la dérogation évoquée plus haut), auxquels s’imposera, à compter du 1er janvier 2022, la fameuse plage horaire des deux heures avant et trois heures après le coucher du soleil. Cette disposition signifie que les fabricants vont devoir évaluer l’impact des produits en question sur les pollinisateurs dans le cadre des dossiers d’Autorisation de mise sur le marché (AMM) et de renouvellement d’autorisation. A terme, les fongicides et autres produits devront donc, pour pouvoir être appliqués entre deux heures avant et trois heures après le coucher du soleil en période de floraison, disposer de l’une des trois mentions « abeille », à savoir : « emploi autorisé durant la floraison, en dehors de la présence d'abeilles », « emploi autorisé au cours des périodes de production d'exsudats, en dehors de la présence d'abeilles », « emploi autorisé durant la floraison, et au cours des périodes de production d'exsudats en dehors de la présence d'abeilles ».