Utilisations du glyphosate en France : où en est-on ?

Dans un rapport publié le 31 mai, le service statistique du ministère de l’Ecologie dresse un état des lieux des ventes de glyphosate en France sur la période 2009-2019. Quantités vendues, utilisations par département : où en est-on ?

Lancé en 2008 et révisé à deux reprises, le plan Écophyto vise une réduction des utilisations, des risques et des impacts des produits phytosanitaires. La France s’est également engagée en 2018 dans un plan de sortie du glyphosate, visant à « mettre fin aux principaux usages du glyphosate d’ici trois ans au plus tard et d’ici cinq ans pour l’ensemble des usages », tout en précisant que « les agriculteurs ne seraient pas laissés dans une impasse ».

En octobre 2020, l’Anses a publié les conditions d’usage dans lesquels l’herbicide pourra être utilisé lorsqu’aucune alternative non chimique n’est disponible.

Les ventes de produits phyto sont suivies annuellement à partir des données de la Banque nationale des ventes réalisées par les distributeurs de produits phytopharmaceutiques (BNV-D). Les données de la BNV-D, tout comme les résultats publiés, concernent les quantités de substances actives contenues dans les produits phytopharmaceutiques et ne tiennent pas compte des adjuvants.

Forte baisse des ventes en 2019

L’herbicide le plus utilisé au monde est aussi le plus utilisé en France. Entre 2009 et 2019, la part des ventes de glyphosate dans les ventes totales d’herbicides est restée relativement stable, autour de 28%. Les quantités de glyphosate vendues sur cette période s’élèvent en moyenne à 8 270 tonnes par an, tous usages confondus. Entre 2009-2011 et 2017-2019, les ventes de glyphosate ont augmenté de 12%. Après le soufre, c’est la substance active la plus vendue en France.

Evolution de la quantité vendue de glyphosate et d’herbicides en France

L’année 2019 a été marquée par une forte baisse des ventes par rapport à l’année précédente (-38% pour le glyphosate, -35% pour l’ensemble des herbicides, -36% pour l’ensembles des phytos). Cette diminution est en partie expliquée par des achats anticipés en 2018, dans la perspective de l’augmentation du taux de redevance pollutions diffuses début 2019. En 2018, les ventes de produits phytosanitaires avaient en effet fortement augmenté (+10% pour le glyphosate, +14% pour les herbicides, +20% pour l’ensemble des phytos).

Emploi dans les jardins

En 2019, 191 références de produits, contre 223 en 2018, contiennent du glyphosate. Parmi elles, 80 portent la mention « emploi autorisé dans les jardins – EAJ », contre 98 en 2018. Après un pic en 2013, les ventes de produits référencés EAJ ont diminué de 84% entre 2013 et 2019, la baisse s’accélérant entre 2018 et 2019 à la suite de l’interdiction de l’utilisation par les particuliers de produits phytosanitaires, hors produits de biocontrôle, à compter du 1er janvier 2019 (loi « Labbé » de 2014 et loi « Pothier » de 2017). Les professionnels (agriculteurs, collectivités, etc.) achètent parfois des produits mentionnés « EAJ » du fait de leur conditionnement en général plus petit.

Ainsi, en 2019, les ventes de ces produits représentent 325 t (contre 940 t en 2018), soit 5 % des ventes totales de glyphosate (contre 10 % en 2018).

Usages par département

Rapportée à la SAU, la moyenne nationale des achats de glyphosate sur la période 2017-2019 est de 290 g/ha, contre 300 g/ha sur la période 2015-2017. C’est en Gironde qu’il s’est acheté le plus de glyphosate par ha (940 g/ha, avec 226 t). Suivent, avec plus de 790 g/ha, le Vaucluse (91 t), l’Hérault (151 t) et le Gard (124 t). Avec 275 t, la Charente-Maritime est le département totalisant la plus grande quantité de glyphosate achetée. Rapportés à la SAU, les achats de ce département s’élèvent à 640 g/ha (contre 610 g/ha sur la période 2015-2017).

Quantité d’achats de glyphosate non EAJ, rapportée à la SAU hors agriculture biologique, par code postal, sur la période 2017-2019