Accès au foncier : Terre de Liens franchit le cap des 400 fermes

Vingt ans après l’acquisition de sa première ferme, la structure Terre de liens, qui œuvre pour favoriser l’accès au foncier agricole, annonce que sa 400ème ferme est en train de voir le jour, en Normandie.

Dans un contexte de recul massif de l’installation familiale (-60% par rapport à 1980), les candidats à l’installation aujourd’hui majoritairement non issus du milieu agricole sont confrontés à double défi : accéder au foncier (moins de 1,8% des terres agricoles passent par le marché) et déployer des capacités financières nécessaires à l’installation. C’est pour lever ces deux verrous que Terre de Liens s’appuie depuis 20 ans sur le portage de foncier pour accompagner l’installation d’une nouvelle génération d’agriculteurs et d’agricultrices. Grâce à l’argent citoyen épargné dans la foncière Terre de Liens, le mouvement a désormais acquis 400 fermes réparties partout en France, sur un total de 12 000 hectares. Les nouveaux installés sont à 62% des hommes et 38% des femmes, avec un âge moyen de 35 ans. Afin de concilier production et respect de l’environnement, Terre de Liens propose des baux ruraux environnementaux de 9 ans reconductibles tacitement.

C’est en Normandie que Terre de Liens a réalisé sa 400ème installation. Aurore, 48 ans, non-issue du milieu agricole, va reprendre la Ferme du Lavoir, dans le Calvados. L’exploitation comprend 19 hectares de vergers en agriculture biologique et transforme les pommes en jus, cidres et Calvados. Le cédant, Guillaume Capelle, a déposé son offre de reprise sur le site de petites annonces que Terre de Liens a développé. « En rachetant la ferme, Terre de Liens lève le frein financier de l’accès à la terre et permet à Aurore de se consacrer pleinement à son activité », se félicite l’association.

Selon une étude de la Safer de 2024, le prix moyen des terres agricoles en France s’élève à 6 200 euros par hectare, avec de fortes disparités selon les régions. Pour une ferme moyenne de 35 hectares, cela représente un investissement initial d’environ 200 000 euros, sans compter les équipements et infrastructures nécessaires à l’exploitation.

Plus de 5 millions d’hectares, soit près de 20% de la surface agricole française, vont changer de main d’ici 5 ans. « Si la crise des vocations agricoles est un sujet, le secteur agricole ne souffre pas d’une crise de légitimité : près de 21 000 candidats à l’installation toquent tout de même chaque année aux portes des Chambres d’agriculture. Mais seuls 13 000 d’entre eux parviennent finalement à faire », indique-t-on chez Terre de Liens.