Adopte un agriculteur

[Edito] Alors que le plus grand salon agricole de France devait ouvrir ses portes ce 27 février, il laisse place à une myriade d’initiatives sur tout le territoire, visant à faire le lien entre le grand public et le monde agricole. Le tout sur fond d’une urgence à redonner au métier de l’attractivité.

Carton plein pour « Nous paysans » : mardi 23 février, plus de 5 millions de téléspectateurs ont regardé sur France 2 le passionnant documentaire retraçant un siècle d’agriculture française. « Nous avons tous, dans nos familles, un parent qui a été paysan » : la phrase prononcée par l’acteur Guillaume Canet en introduction de ce documentaire suffit à comprendre cet engouement. Il y a un siècle, la moitié de la population française était agricole. Alors, même si le nombre d’agriculteurs et d’agricultrices dépasse à peine 400 000 aujourd’hui, soit 1,5% de l’emploi en France, « les gens ont encore une fibre agricole », constate Jérôme Regnault, céréalier dans les Yvelines et co-fondateur du collectif « Ici la terre ». Mais une fibre influencée par une image d’Épinal, déconnectée des réalités actuelles du métier.

Pour Jérôme Regnault, « les torts sont partagés, car la profession n’a pas réussi à dire combien le monde agricole avait changé, combien on s’appuie désormais sur les techniques modernes et combien on est professionnels ». Le documentaire tombe lui aussi un peu dans cet écueil, puisqu’il passe sous silence l’évolution de l’agriculture au cours des vingt dernières années, pendant lesquelles les quantités de pesticides utilisées ont été quasiment divisées par deux et où le nombre d’exploitations engagées en agriculture biologique a quadruplé.

Faire du lien et susciter des vocations

C’est pour renouer un lien direct entre le grand public et les professionnels agricoles que le collectif « Ici la terre » a lancé le 22 février - jour où s’était ouvert le salon de l’Agriculture en 2020 -  l’opération « Un agriculteur dans votre répertoire téléphonique ». Objectif : permettre à celles et ceux qui s’intéressent et s’interrogent sur des questions agricoles d’avoir le contact direct d’un agriculteur ou d’une agricultrice dans son répertoire. « C’est en quelque sorte "Adopte un farmer" », sourit Jérôme Regnault. Avec le ratio actuel d’un agriculteur pour 168 Français, il va falloir être partageur… ou faire grossir les rangs de la profession agricole.

Covid oblige, le Salon de l’agriculture sera cette année décentralisé et en plein air. De quoi déclencher des vocations ? Pour la première journée de son « Salon à la ferme » jeudi 25 février, la Confédération paysanne avait choisi à dessein le thème de l’installation et de la formation. « Il faut pouvoir accueillir tous ceux qui ont même une vague idée d’un projet agricole et les accompagner », a insisté l’éleveur qui accueillait le public.

Aux appels à venir visiter les fermes se joignent les appels à venir y travailler, alors que le manque de saisonniers agricoles survient pour la deuxième année consécutive en raison de la crise sanitaire. Une opportunité pour celles et ceux qui aimeraient tâter le terrain, au sens propre comme au figuré.