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« Accompagner tous ceux qui ont même une vague idée d’un projet agricole »
Le lancement du « Salon à la ferme » de la Confédération Paysanne a été l’occasion pour le syndicat d’insister sur le rôle essentiel de l’enseignement public agricole et des structures d’accueil des candidats hors-cadre familial dans la réussite de la transition agricole.
C’est à Fercé, en Loire-Atlantique, sur l’exploitation laitière d’Antoine Baron, que s’est tenue le 25 février la première journée du Salon à la Ferme organisé par la Confédération Paysanne. Cet événement se déroulera partout en France durant les dix jours habituellement dédiés au Salon international de l’agriculture (SIA). « C’est une forme de rencontre avec le grand public qui nous trottait dans la tête depuis longtemps, explique Nicolas Girod, le porte-parole national du syndicat. Le SIA c’est important mais ça ne correspond pas à la réalité de nos fermes ».
Pour cette inauguration, les partenaires de la Confédération Paysanne au sein du mouvement « Plus jamais ça » avaient fait le déplacement jusqu’en Loire-Atlantique. Certains, comme l’ONG Attac, sont des habitués des événements du syndicat agricole, alors qu’il était plus incongru d’en apercevoir d’autres, tel que Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, dans la cour d’une ferme. Plusieurs députés avaient également fait le déplacement à l’image de Guillaume Garot, candidat PS pour les élections régionales en Pays de la Loire.
La transition agricole passe par l’enseignement public
Ce premier rendez-vous a été l’occasion d’aborder la baisse des moyens dans l’enseignement agricole public. À ce titre, le département de Loire-Atlantique est symbolique car la part d’établissement public est minoritaire face à l’enseignement privé. Frédéric Chassagnette, le secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement agricole public (Snetap-Fsu), déplore à l’échelle nationale un prévisionnel de 300 suppressions d’emplois sur l’ensemble du quinquennat en cours. « Nous avons perdu 50 postes à la rentrée 2019, 60 à celle de 2020 et 80 en 2021. Nous nous attendons à une nouvelle suppression de 110 postes l’an prochain. Il y a un risque de fermeture de sites ruraux à terme », regrette-t-il.
Pourtant la Confédération Paysanne insiste sur le besoin de former des futurs agriculteurs, notamment en hors-cadre familial, pour assurer le renouvellement des générations. « Il n’y aura pas de transition agricole sans installation, martèle Nicolas Girod. Il faut des bras mais aussi des cerveaux. Nous sommes peut-être utopiques mais nous revendiquons un objectif d’un million de paysans, comme il y a trente ans ».
Le Snetap-Fsu n’a pourtant pas baissé les bras. « Il n’y a jamais eu autant de débats que cette année autour de l’enseignement agricole public lors de l’examen du projet de loi de finance 2021 », rapporte Frédéric Chassagnette. Selon lui, les sénateurs avaient même trouvé des lignes budgétaires non-consommées dans l’éducation nationale pour les réinjecter vers l’enseignement agricole. « Mais rien n’y a fait. C’est une question de principe pour le gouvernement », regrette le secrétaire général du Snetap-Fsu. Il place maintenant son espoir dans un moratoire sur les suppressions de postes l’an prochain.
Des outils professionnels complémentaires à l’enseignement
En tant que responsable national du dossier installation, Antoine Baron en est convaincu : « Les fils et filles d’agriculteurs ne suffiront pas pour le renouvellement des générations. La moitié des installations se font déjà en hors-cadre familial ». Pour accompagner ces nouveaux profils en Loire-Atlantique, la Confédération Paysanne propose deux outils. L’antenne locale du réseau Fadear pour dégrossir et mûrir les projets et la coopérative installation en agriculture paysanne (CIAP 44) pour les concrétiser via des stages, espaces tests et accompagnements à l’installation.
« Il faut pouvoir accueillir tous ceux qui ont même une vague idée d’un projet agricole et les accompagner. 90 % arrivent avec un projet de maraîchage ou de permaculture alors que dans le département, c’est l’élevage qui offre le plus de facilité », insiste Antoine Baron.
Associé avec son frère, son exploitation compte 75 vaches laitières conduites essentiellement à l'herbe, avec un peu de maïs ensilage. Le lait est livré à Terrena, via un accord de collecte avec Agrial. « Mon père et mon grand-père ont posé les bases économiques et sociales, et nous nous attaquons au volet environnemental », déclare-t-il, regrettant que l’élevage ait aussi mauvaise presse auprès du grand public. « C’est à nous de communiquer positivement, souligne l’éleveur. Aujourd’hui, je travaille 35 heures par semaine et je gagne 2 500 euros par mois. C’est une situation très correcte ».