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Afdi aide à rendre autonomes les agricultrices congolaises
En juin dernier, Marietta Mérieau, présidente d’Afdi Pays de la Loire, a passé une dizaine de jours en République démocratique du Congo. Elle explique comment évoluent les actions financées par l’association ligérienne, réalisées autour du centre Kitumaini, dans le Sud-Kivu.
« Même Dieu nous avait oubliées ! » Voilà ce que disaient les femmes du secteur de Bukavu avant 2019 et les premières actions d’aide menées par Agriculteurs français développement international (Afdi) Pays de la Loire, en République démocratique du Congo (RDC). Ces aides, essentiellement concentrées dans un rayon de 60 km autour de Bukavu d’1,2 million d’habitants dans la province du Sud Kivu, à la frontière avec le Rwanda concernent les femmes et visent à rendre ces Congolaises économiquement plus autonomes : « Aujourd’hui, entre 1 800 et 2 000 femmes sont aidées, contre 800 au début », explique Marietta Mérieau, agricultrice vendéenne et présidente d’Afdi Pays de la Loire. Revenant de Bukavu, où elle a passé dix jours en juin dernier, avec deux autres membres de l’association ligérienne, elle a pu constater les réalisations accomplies, grâce à Afdi, au sein du centre de développement Kitumaini et pour l’association Solidarité des femmes pour l’amélioration de l’agriculture (Sofepagri).
« Dans cette région coincée entre Bukavu, le lac Kivu et un parc régional (réserve naturelle), les terres sont escarpées, peu nombreuses, difficiles à cultiver. La plupart des femmes qui adhèrent à l’association Sofepagri avaient été auparavant déplacées à cause des conflits armés violents », précise Marietta Mérieau. Rassemblées en groupements d’agricultrices, ces femmes viennent de plus en plus nombreuses au centre Kitumaini, où l’on trouve une école et un centre de nutrition (financés par une organisation italienne), du matériel, un bureau avec une équipe d’animateurs et d’agronomes, coordonnée par Pierre Lokeka. Ici, on respecte ces femmes. « C’est important que les bénévoles d’Afdi viennent ici et financent cette formation agricole et technique, et les cours d’alphabétisation, nous répète souvent Pierre », ajoute Marietta. Un enseignement pour ces agricultrices congolaises qui leur redonne confiance en elles et complète leur entraide au quotidien.
Un nouveau bâtiment multifonction à venir
À quelques kilomètres du centre Kitumaini, quelques hectares de champs expérimentaux et pédagogiques sont en cours d’essais de cultures (engrais verts, semis en ligne, compostage…), de travail en commun, de tests de plants de bananier ou d’installation d’une pépinière… Autant d’actions agricoles relevées par Marietta et les autres administrateurs de l’Afdi, qui reste la seule association étrangère présente à Bukavu depuis plus de quatre ans. Les agronomes du centre forment à leur tour des femmes en spécialité Agronomie, qui font le relais sur le terrain : chacune cultive une petite parcelle de terre, dotée d’une compostière, avec des échantillons de semences offerts… 600 chèvres, données et financées par Afdi, il y a trois ans, ont eu un effet boule de neige : le premier chevreau né chez une agricultrice étant donné à une nouvelle adhérente de la Sofepagri. 1 000 doses de vaccins offertes par l’antenne belge de Vétérinaires sans frontière préservent désormais les caprins de la peste des petits ruminants, maladie qui sévit localement. « Le cheptel étant traditionnellement réservé aux hommes, ces femmes qui possèdent une ou plusieurs chèvres sont aujourd’hui mieux respectées et arrivent à gagner plus d’argent. Certaines envisagent même d’acheter une vache, qui»
Un nouveau projet est dans les tuyaux depuis près de deux ans : la construction, près du site agricole, d’un « bâtiment-test » (220 m2) multifonction. Une partie devrait accueillir un moulin pour moudre le manioc et le maïs afin de vendre les farines obtenues à un meilleur prix : le gain de la plus-value reviendra alors aux agricultrices et non à leurs clients (des grossistes). Dans une autre partie du bâtiment, on stockerait les farines, pour les protéger des parasites.
Ce projet a d’ailleurs attiré l’attention d’une association d’aide belge, Rikolto, orientée sur son programme « Food smart cities » (« Nourrir les villes »). L’idée serait de créer sur place un marché où seraient vendus les légumes récoltés. Un autre partenaire associatif fournit des échantillons de semences, afin d’obtenir de meilleurs rendements. Une demande pour transformer les produits dans le bâtiment a aussi été formulée…
« On a aussi évoqué l’achat souhaité d’un camion, pour éviter aux femmes de porter les charges sur leurs têtes jusqu’aux lieux de vente, les marchés en ville. Cela viendra sans doute. » Quant aux débouchés de légumes de la Sofepagri, ils sont nombreux : « L’hôpital général de Bukavu a contacté l’association pour acheter ses produits maraîchers et légumes pour ses deux restaurants. D’autres clients sérieux sont aussi intéressés », se réjouit Marietta. Sans parler à plus long terme de l’ouverture d’un magasin dans la ville de Bukavu. Bref, les projets ne manquent pas sur place pour rendre les agricultrices adhérentes toujours plus indépendantes économiquement.