Solidarité renforcée avec le Sud-Kivu malgré les difficultés, on ne peut pas les abandonner !

En République Démocratique du Congo la situation des populations du Sud-Kivu s’est encore beaucoup dégradée. Afdi Pays de la Loire maintient le contact avec son partenaire local et réaffirme son soutien durable malgré les entraves. Le point avec sa présidente Marietta Merieau.

En février Afdi Pays de la Loire relançait un appel aux dons en faveur de votre partenaire congolais, l’association Sofepagri*, implantée dans la zone de conflits. Quels résultats ?

Nous n’avons pas encore chiffré les sommes récoltées sur l’ensemble des cinq départements mais notre appel a bien mobilisé les gens. Cela reste malheureusement toujours insuffisant face à l’ampleur des violences en RDC. Le nombre des déplacés grandit, beaucoup de familles ont fui au Burundi. Au-delà de la très grande dégradation de la situation humaine sur place, l’aide internationale se réduit considérablement : le soutien de l’USAID américaine est suspendu (la RDC est son plus gros bénéficiaire francophone, ndlr) d’autres ONG réduisent drastiquement leurs financements ou se retirent du pays. 

L’activité du centre de la Sofepagri, au Sud Kivu à 20km environ de Bukavu près de la frontière rwandaise, est-elle maintenue ?

Son coordinateur, Pierre Lokeka, nous donne des nouvelles toutes les semaines via WhatsApp. Il y a quelques jours j’apprenais que des combats meurtriers ont eu lieu sur le champ de démonstration de l’association. Les habitants sont terrorisés. Des femmes de l’association ont été violése (la plupart avait déjà subi de tels actes auparavant), on sait que les enfants sont les deuxièmes grandes victimes de ces exactions atroces. La consigne est toujours de ne surtout pas sortir seul de chez soi. Il est trop risqué d’essayer d’aller jusqu’au bureau de l’association. Toujours impossible aussi de cultiver les champs éloignés, il faut se contenter du potager de la maison. La famine s’installe également par manque de semences (leur financement était en grande partie assuré par les Américains).

Dans cette urgence, est-ce que le rôle d’Afdi est requestionné ?

Afdi ne perd pas de vue que sa mission est d’abord celle d’accompagner le développement, mais on ne pas ignorer la réalité actuelle : les gens ont tout simplement besoin d’aide pour survivre ! Notre soutien va donc permettre de sécuriser leur capacité à cultiver pour se nourrir (pouvoir racheter des outils, des semences). Les banques étant bloquées, ce financement passera par l’intermédiaire d’un prêt contracté par la Sofepagri (via un institut de micro-crédit) que l’Afdi remboursera ensuite. Savoir qu’Afdi est là pour eux aujourd’hui et ne les abandonnera pas demain, leur donne une raison d’y croire. On se doit de garantir des perspectives aux Congolais ! 

En quoi ce qui se passe au Congo concerne les agriculteurs ligériens ?

C’est d’abord une question d’humanité ! On ne peut pas laisser tomber l’équipe présente sur place (14 jeunes animateurs) et 2000 femmes accompagnées. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’enjeu qui se déroule au Congo est notamment celui de l'accaparement des minerais (coltan, cobalt entre autres) dont le trafic finance les groupes armés et alimente notre industrie numérique et notre transition énergétique. En tant qu’agriculteur français nous revendiquons la juste rémunération de nos productions, ce combat est aussi louable quand on s’interroge sur l’origine des composants de nos téléphones !

*Solidarité des Femmes Paysannes pour l’Amélioration de l’Agriculture