Agriculture et IA : des atouts dans le domaine agricole

Il ne se passe plus une journée sans que les prouesses ou les limites de ChatGPT - une intelligence artificielle conversationnelle - ne fassent l’objet de commentaires dans les médias depuis plusieurs mois. Pour autant, l’Intelligence Artificielle (IA) ne date pas d’hier et ses applications sont déjà nombreuses, y compris dans le domaine agricole

Cela fait déjà plusieurs années que des algorithmes de détection et d’aide à la décision existent en agriculture. L’analyse d’image est d’ailleurs sûrement le domaine de l’agriculture où l’IA est la plus utilisée aujourd’hui. On la retrouve ainsi dans le domaine de la viticulture (les solutions de Chouette ou Scanopy par exemple) pour réaliser des cartes de vigueur ou détecter le mildiou, mais également dans le domaine de l’élevage (chez AI Herd) pour analyser les comportements des animaux à partir de vidéo. Toujours au registre de l’analyse d’image, les pulvérisateurs de précision seraient « aveugles » si l’IA ne leur permettait pas de détecter les adventices au sein des culture  !

 Enfin, l’IA peut aussi permettre d’améliorer les processus de tri et d’analyser en temps réel la qualité des grains pendant et post-récolte.

 ■ En dehors de l’analyse d’image, l’IA est aussi utilisée à des fins d’analyse et de prédiction pour améliorer la précision des itinéraires agronomiques ou zootechniques à partir de données liées à l’environnement et aux conditions climatiques, entre autres. En outre, l’intelligence artificielle, combinée à une puissance de calcul accrue pourrait à l’avenir également être utilisée pour traiter d’importants volumes de données et essayer d’établir des liens multifactoriels entre sol, végétal et environnement. Les cas d’usages sont alors évidents en matière de recherche génétique, par exemple dans le domaine des semences, mais également en termes de santé végétale, animale et même humaine.

■ En dépit des atouts de ces applications de l’intelligence artificielle, elles restent encore peu diffusées et c’est là que l’irruption des IA conversationnelles, comme ChatGPT, pourrait accélérer les choses, voire entraîner à une véritable révolution dans les usages, comme l’ont été les smartphones il y a une quinzaine d’années. Ainsi, demain l’intelligence artificielle pourrait être le conseiller et l’assistant des agriculteurs : c’est la voie choisie par Farmers Business Network, une plateforme américaine qui a lancé un conseiller agronomique issu de l’intelligence artificielle et baptisé Norm. Celui-ci est basé sur Chat GPT-3.5 et s’appuie sur des données comme la météorologie, les bases de données de produits phytosanitaires, la recherche universitaire, les bases de données agronomiques pour répondre à un large éventail de questions liées à la conduite des cultures ou des troupeaux. Au-delà du conseil, l’IA pourrait aussi demain permettre de prendre en charge une large partie du travail administratif des agriculteurs, notamment en matière déclarative.

■ L’intelligence artificielle présente donc des atouts qui pourraient être mis à profit dans le domaine agricole et assister les agriculteurs dans leurs prises de décisions. Pour autant, elle fait déjà face à plusieurs défis dans le monde agricole : avoir accès à de larges bases de données exploitables mais également aux compétences pour les développer et les exploiter. Et c’est d’ailleurs là tout l’enjeu pour de nombreux domaines économiques : alors que se profilent de nouveaux cas d’usages permis par une diffusion plus large de certaines technologies, comment faire pour prendre le train et ne pas rester à quai