En 4 ans, la France a perdu 40.000 exploitations

L’effectif a fondu de 10,3% entre 2020 et 2023, affectant les micro-exploitations et dans une moindre mesure les petites, moyennes et grandes structures, et davantage l’élevage côté Otex. Avec une SAU moyenne de 93ha, l’agrandissement se poursuit, tout comme le recours aux salariés et aux prestataires extérieurs.

349.600 : c’est le nombre d’exploitations agricoles recensées en France métropolitaine en 2023, selon l’enquête d’Agreste sur les structures d’exploitation. C’est 40.000 de moins qu’en 2020, date du dernier recensement agricole, ce qui équivaut à une baisse de 10,3%. La dynamique est similaire dans les départements et régions d’outre-mer, avec une baisse de 11,7% sur la période pour aboutir à un effectif de 23.530 exploitations. « Les dernières projections plus complètes de l’INRAE aboutissaient à un ordre de grandeur proche », relève le service statistique du ministère de l’Agriculture.

Evolution annuelle moyenne du nombre d’exploitations par taille économique en France métropolitaine (Source Agreste)
Evolution annuelle moyenne du nombre d’exploitations par taille économique en France métropolitaine (Source Agreste)

Une décroissance similaire à la décade 2010-2020

Toutes exploitations confondues, en France métropolitaine, le rythme de baisse entre 2020 et 2023 est de -3,6% par an alors qu’il était de -2,3% par an au cours de la période 2010-2020. Mais si l’on exclut les micro-exploitations, qui réalisent moins de 25.000 euros de Production brute standard (PBS), le rythme de baisse retombe à -1,7%, soit le même rythme qu’entre 2010-et 2020 pour ces mêmes catégories d’exploitations.

Une érosion portée par les micro-exploitations…

L’accélération du rythme de baisse au cours des quatre années passées s’explique par la forte décrue du nombre de micro-exploitations, passé de -3,7% par an entre 2010-2020 à -9,4% par an 2020-2023 et qui selon Agreste s’explique le changement d’attribution des aides de la Pac à compter de 2023, désormais réservées aux seuls agriculteurs dits « actifs ». En évitant le cumul des aides de la Pac et des droits à la retraite après 67 ans, la réforme visait à favoriser la transmission et l’installation de jeunes agriculteurs.

En 2023, on dénombrait 76.200 micro-exploitations en France métropolitaine, soit 22 % de l’ensemble des exploitations (contre 29 % en 2020). Elles représentaient 4% de la SAU et 7 % des équivalents temps-plein (ETP). Les exploitants âgés de 67 ans ou plus, qui représentaient 11 % des exploitants agricoles en 2020, n’en représentent plus que 8 % en 2023, alors que cette part avait augmenté entre 2010 et 2020.

… mais qui n’épargne pas les petites, moyennes et grandes

Si les exploitations plus importantes économiquement résistent mieux, l’effectif des petites (25.000 à 100.000€ de PBS) a diminué de -2,3% entre 2020 et 2023 contre -2,2% sur la décade 2010-2020. Pour les moyennes (100.000 à 250.000€), les baisses sont respectivement de -2,1% et -2,6% sur les deux périodes contre -0,5% et 0,0% pour les grandes (plus de 250.000€ de PBS).

1 exploitation sur 10 exploite plus de 200 ha

En 2023, la surface moyenne d’exploitation (hors micro-exploitations) s’établit à 93ha contre 89ha en 2020. L’effectif des exploitations de plus de 200 ha a augmenté de près de 3% Analysées sous l’angle de la surface d’exploitation, L’évolution du nombre de fermes entre 2020 et 2023 diffère selon la surface des exploitations. Le nombre de fermes de 200 ha ou plus progresse fortement, avec une hausse annuelle moyenne de + 2,8 %. Si cette tendance était déjà à l’œuvre par le passé, elle s’intensifie nettement : près de 780 fermes supplémentaires chaque année entre 2020 et 2023, dix fois plus qu’au cours de la décennie précédente.

Evolution annuelle moyenne du nombre d’exploitations par tranche de SAU en France métropolitaine (Source Agreste)
Evolution annuelle moyenne du nombre d’exploitations par tranche de SAU en France métropolitaine (Source Agreste)

Ces fermes d’au moins 200 ha représentent une exploitation sur dix en 2023 et concentrent un tiers des terres agricoles métropolitaines. Le nombre de fermes de 125 à 200 ha reste stable sur la même période, au contraire de la décennie précédente, durant laquelle cette catégorie avait connu une forte croissance. Pour les autres fermes, hormis les plus petites dont l’effectif évolue peu, la baisse s’accentue plutôt. C’est particulièrement le cas des fermes de 25 à 75 ha, avec en moyenne - 3,9 % de baisse par an (soit 3100 fermes en moins chaque année).

Répartition des fermes par Otex en 2023 et variation 2020-2023 en France métropolitaine (Source Agreste)
Répartition des fermes par Otex en 2023 et variation 2020-2023 en France métropolitaine (Source Agreste)

L’élevage recule plus vite

Poursuivant la tendance structurelle observée depuis plusieurs décennies, le recul du nombre de fermes entre 2020 et 2023 est plus marqué pour les fermes spécialisées en production animale : - 2,8 % en moyenne annuelle contre seulement - 0,8% pour les fermes spécialisées en production végétale.

En bovins, les Otex lait, viande et mixte reculent respectivement de -9,5%, -7,2% et -29,1% tandis que les élevages d’ovins et caprins résistent (-0,2%). La catégorie polyculture-polyélevage recule de -4,6%. La baisse pointe à -8,8% pour les porcins et la volaille.

En productions végétales, en dehors du maraichage (+7,7%), toutes les autres catégories reculent : -3,1% pour les grandes cultures, -4,3% pour les fruits, -3,3% pour la viticulture.

Un cheptel moyen de 155 UGB

Dans les élevages, toutes espèces confondues, la taille moyenne du cheptel continue de progresser. En 2023, les exploitants détiennent un cheptel moyen de 155 UGB contre 151 en 2020 et 122 en 2010. Dans les élevages de vaches laitières, poulets de chair ou poules pondeuses, l’effectif moyen progresse entre 2020 et 2023, alors qu’il diminue légèrement dans les élevages porcins. La taille moyenne de élevages de vaches allaitantes, ovins, caprins ou d’équidés n’évolue pas significativement en trois ans.

Répartition du volume de travail (en ETP) par type de main-d’œuvre hors prestations de service (ETA, Cuma, etc.) (Source Agreste)
Répartition du volume de travail (en ETP) par type de main-d’œuvre hors prestations de service (ETA, Cuma, etc.) (Source Agreste)

25% du travail assuré par les salariés

En 2023, hors micro-exploitations, 608.900 personnes travaillent de manière permanente dans les exploitations agricoles, qu’ils soient exploitants, actifs familiaux ou salariés non familiaux. Leur effectif diminue en moyenne de 1,4% par an, une baisse proche de celle du nombre d’exploitations. Le volume de travail réalisé par ces actifs permanents et par les travailleurs saisonniers ou occasionnels représente 591.800 équivalents temps plein (ETP) pour l’année 2023.

Ces derniers fournissent ainsi 24% de la quantité de travail en 2023 contre 22% en 2020 et 19% en 2010. Les travaux externalisés représentent l’équivalent de 35.000 emplois à temps plein contre 22.500 en 2020, soit une hausse de 56%, et 5,6% des ETP totaux.