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Vendredi 07/11/2025

Agrivoltaïsme : protéger la vigne du soleil, mais aussi du gel

Dans le Maine-et-Loire, la coopérative Terrena a inauguré un démonstrateur photovoltaïque sur vigne. Premier du genre dans le Val de Loire, il doit permettre de recueillir des données autant sur la protection de la vigne de l’ensoleillement que du gel printanier.

Pour le promeneur occasionnel, le projet VitiVolt, situé sur le domaine du Château La Varière à Brissac-Loire-Aubance, dans le Maine-et-Loire, représentera une curiosité parmi d’autres. En voyant ces panneaux solaires perchés à 4,5 mètres au-dessus des vignes, il se demandera sans doute quelle est cette nouvelle invention et passera son chemin. Pour les viticulteurs du Val de Loire, au contraire, cette couverture photovoltaïque sur 500 mètres carrés de vignes est d’une importance capitale car il s’agit du premier démonstrateur agrivoltaïque sur vigne de la région. Inauguré le 29 octobre 2025, il doit permettre de mesurer pendant trois ans « les effets agronomiques, écologiques, environnementaux, et énergétiques d’un démonstrateur photovoltaïque installé au-dessus des vignes », explique-t-on chez Terrena. C’est bien la coopérative ligérienne qui est à la baguette sur ce dossier, en partenariat avec Altarea Energies Renouvelables pour la production d’énergie et l’Institut Français du Vin pour le suivi scientifique de l’expérience.

« Ce projet est né car nous ne disposons pas de données scientifiques suffisantes concernant l’agrivoltaïsme sur vigne. Or, lorsque Terrena a décidé d’accompagner le développement de l’agrivoltaïsme sur ovin et bovin, nous avons été approchés par deux viticulteurs sur le sujet », évoque Bertrand Pinel, chef de projet R&D chez Terrena. Le démonstrateur va donc permettre d’acquérir ces données manquantes et d’étudier les impacts positifs et négatifs sur la culture. « Nous allons jusqu’à l’étude de la qualité du vin », précise-t-il.

Une protection contre le gel

En complément des projets déjà menés dans le sud de la France, le démonstrateur VitiVolt va particulièrement s’intéresser aux effets de la couverture photovoltaïque dans la protection contre le gel printanier. « À cette période, les dégâts sur les bourgeons sont dus à la descente du froid et aux flux d’air. Nous pensons que les panneaux pourraient créer un micro-climat pour protéger les vignes. Mais comme nous avons fait le choix de ne couvrir la parcelle qu’à 30 % (voir encadré plus bas), nous n’avons aucune certitude sur cet effet », nuance Bertrand Pinel. De la même manière, la protection contre la grêle, les grillures du soleil et la sécheresse pourraient être limitées par ce taux de couverture assez bas. « Avec l’ombre qui tourne dans la journée, les grains ne seront pas exposés durant la totalité de la durée de l’ensoleillement. Nous verrons si cela peut avoir un impact. En diminuant l’insolation, nous pourrions faire baisser le taux d’alcool du vin », argumente le responsable R&D de la coopérative. 

Encadrer les dérives d’un système

À l’image de Vitivolt, les couvertures agrivoltaïques se démultiplient dans le paysage agricole français. En parallèle, la crainte de voir perdre la fonction agricole de ces terrains alimente toutes les polémiques. Pour Bertrand Pinel, la vocation agricole de Terrena est justement un garant contre ce type de dérive. « En tant que coopérative, ce qui nous intéresse, c’est de continuer à collecter la matière première agricole et à en partager la valeur entre les adhérents », justifie-t-il. Au-delà du démonstrateur sur vigne, il comptabilise déjà 20 projets en ovins et bovins accompagnés par Terrena. « Nous avons instauré un comité d’éthique de trois administrateurs de la coopérative, qui valident ou non chaque projet », détaille-t-il. Pour VitiVolt, il a été décidé d’utiliser des panneaux orientables, contrairement aux projets ovins réalisés avec des panneaux fixes. « L’idée est de pouvoir privilégier les besoins de la vigne, notamment lors des étapes clés comme la nouaison », évoque Bertrand Pinel. La Région, qui a financé le démonstrateur à hauteur de 40 %, a également imposé un comité d’orientation scientifique et technique composé d’acteurs externes et qui a accès en toute transparence aux données du projet VitiVolt.

La bonne couverture et la bonne parcelle

Il aura fallu six mois aux partenaires du projet pour trouver la bonne parcelle. « Honnêtement, je pensais que ça irait plus vite », confie Bertrand Pinel. Plusieurs critères ont été pris en compte, dont l’exposition au gel et à la grillure l’été, le cépage, en l’occurrence du Cabernet Franc, la proximité du réseau électrique, mais aussi le contexte paysager. « La parcelle est à proximité d'une zone commerciale », dresse Bertrand Pinel en toile de fond.

Le taux de couverture de la parcelle par les panneaux photovoltaïques a été fixé à 30 %. « La nouvelle réglementation limite cette couverture à 40 %, mais nous avons une charte régionale en cours d’élaboration qui pourrait retenir 30 %. Il a donc fallu faire des choix en fonction », précise-t-il.