Albane, une enquête de grande ampleur pour étudier et prévenir les risques nutritionnels, chimiques et microbiologiques liés à l’alimentation et à l’environnement

Tous les deux ans, l’état de santé de plus de 3000 Français âgés de 0 à 79 ans sera passé au crible et au prisme des habitudes alimentaires, de l’activité physique, des habitudes de vie et de l’exposition à une quinzaine de familles de substances présentes dans l’environnement. Objectif : mieux protéger la santé de nos concitoyens. Les résultats 1er cycle de l’étude sont attendus début 2028.

Mieux comprendre la fréquence de maladies chroniques telles que le diabète, les maladies respiratoires chroniques, l’obésité et l’hypertension artérielle qui sont « insuffisamment diagnostiquées ». Mieux comprendre l’exposition à des substances chimiques comme les pesticides, les bisphénols, les phtalates ou les composés perfluorés (PFAS), « une information essentielle pour mettre en place d’éventuelles réglementations et les mesures de prévention nécessaires ». Mieux comprendre les habitudes alimentaires, le niveau d’activité physique et de sédentarité de la population, qui jouent « un rôle déterminant dans la prévention de certaines maladies chroniques, ainsi que de leurs complications ». Et mieux comprendre, enfin, les risques liés à l’alimentation, en apportant les connaissances nécessaires pour garantir la sécurité des aliments vis à vis des risques nutritionnels, chimiques ou microbiologiques. Tels sont les objectifs assignés à l’enquête Albane (ALimentation, Biosurveillance, sAnté, Nutrition et Environnement (Albane), opérée par l’Anses et Santé publique France (SpF) et regroupant en une seule enquête les objectifs de deux études menées précédemment : INCA 3 pour l’Anses et Esteban pour Santé publique France. Lancée officiellement le 10 juin, « Albane contribuera à étudier et prévenir les risques nutritionnels, chimiques et microbiologiques liés à l’alimentation et à l’environnement », prédisent les autorités sanitaires.

Une enquête d’une ampleur inédite pour mieux protéger la santé des Français

Tous les 2 ans, un échantillon représentatif de la population française (Hexagone et Corse) recevra la visite d’un enquêteur d’Ipsos, répondra à un questionnaire sur les habitudes de vie, la santé, les habitudes alimentaires et l’activité physique et sera enfin soumis à un examen de santé complet au sein d’un laboratoire médical, réservé aux participants âgés de 3 ans et plus. Des prélèvements d’urine et de cheveux seront également réalisés, ainsi qu’une prise de sang pour les participants de plus de 6 ans. Un sous-échantillon aléatoire de personnes se verra proposer le port d’un accéléromètre, sur une période de sept jours, destiné à mesurer l’activité physique.

Chaque participant recevra les résultats des mesures et analyses réalisées au laboratoire. « Les données recueillies sont anonymes, ne seront jamais analysées individuellement, et aucun jugement ne sera porté sur les habitudes des participants », précisent l’Anses et SpF, qui évoquent une enquête « d’une ampleur inédite », reposant sur des cycles de deux ans avec pour chacun un nouvel échantillon de 3000 personnes. Pour le cycle 1 (2025-2026), la participation de 150 jeunes enfants âgés de 0 à 2 ans, de 1000 enfants âgés de 3 à 17 ans et 2000 adultes âgés de 18 à 79 ans est attendue.

Des données pour améliorer la connaissance scientifique et l’action publique

La répétition bisannuelle des cycles permettra de suivre l’évolution de l’état de santé de la population et d’évaluer l’efficacité des mesures des politiques publiques pour in fine orienter les plans de santé publique concernés, notamment le Programme national nutrition et santé (PNNS), le Plan national de l’alimentation (PNA) et la Stratégie nationale de biosurveillance.

Dans un premier temps, les données serviront à répondre aux objectifs principaux de l’enquête et permettront d’établir des valeurs de référence d’exposition à partir des niveaux d’imprégnation de la population aux substances présentes dans l’environnement, les déterminants environnementaux et alimentaires de ces expositions, la part non diagnostiquée de certaines maladies chroniques et son évolution ou encore les prévalences d’adéquation et d’inadéquation des apports nutritionnels.

Dans un second temps, les résultats d’Albane, associés aux données du Système national des données de santé (SNDS), permettront de déterminer quelles sont les maladies développées en fonction des expositions, des habitudes alimentaires et des caractéristiques de l’environnement. Ils viendront alimenter des travaux complémentaires menés par l’Anses visant à établir des valeurs toxicologiques de référence pour une substance, c’est à dire le niveau de concentration d’une substance à partir duquel celui-ci représente un risque pour la santé.

A plus long terme ces données seront mises à disposition des équipes de recherche françaises et internationales pour mieux caractériser les liens entre santé, environnement et alimentation. Les résultats de l’enquête Albane, notamment les données de consommations actualisées, seront partagés avec l’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments) pour évaluer les risques liés aux substances se retrouvant dans les aliments.

Les résultats du cycle 1 d’Albane sont attendus début 2028.