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La bio sous-représentée dans les aires d’alimentation de captage d’eau
Selon l’outil Cartobio développé par l’Agence bio, les surfaces en AB couvrent 9% des aires d’alimentation de captage (AAC) d’eau alors que le taux de SAU bio s’élève en moyenne à 10,1%. Un levier à exploiter dans la perspective du renforcement de la protection des AAC contre les pollutions diffuses.
A l’occasion de la présentation des principaux indicateurs relatifs à l’agriculture biologique pour l’année 2024, l’Agence bio a présenté jeudi des chiffres « inédits » issus du croisement des données du ministère de la Transition écologique relatives aux aires d’alimentation de captage (AAC) avec les données de Cartobio. « En France, 10% des terres agricoles sont en bio mais dans les aires d’alimentation de captage, on est à 9%, a déclaré Laure Verdeau, directrice de l’Agence bio. Quatre aires seulement sont à 100% en bio et 50% des aires sont à moins de 3% ». Sur les six bassins correspondant à autant d’Agences de l’eau, seul celui de Rhône Méditerranée Corse se situe au-dessus du taux moyen de SAU bio (17%) tandis que celui d’Artois-Picardie est à la traîne à 2%.
Développé par l’Agence bio depuis 2020, Cartobio recense toutes les parcelles certifiées en AB, au service des différents acteurs institutionnels et professionnels mais aussi du grand public, qui peut visualiser les parcelles bio dans son environnement. L’outil a aussi pour vertu d’allégersignificativement la gestion du dossier Pac des agriculteurs car ce sont les organismes certificateurs qui renseignent l’outil, simplifiant d’autant la déclaration des bénéficiaires de la Pac.
Un outil au service des Agences de l’eau
Selon l’Agence bio, la production de ces nouvelles données croisant AB et AAC constituent un outil d’aide au pilotage des programmes de restauration de la qualité de l’eau pilotés par les Agences de l’eau. L’outil, et ses enseignements, arrive à point nommé dans la mesure où, dans le cadre de la « feuille de route » dédiée à la protection des aires d’alimentation de captage d’eau, présentée en mars dernier, le ministère de la Transition écologique doit arrêter d’ici à la fin de l’année les captages considérés comme « sensibles », assortis de mesures de protection renforcée pour lutter contre les pollutions diffuses.
Entre 1980 et 2019, 12.500 captages d’eau potable, sur les 50.000 existants, ont été fermés en raison de la dégradation de la qualité de la ressource en eau, due, dans 41 % des cas, à des teneurs excessives en nitrates et pesticides. La 4ème génération de SDAGE (2022- 2027) voit le nombre de captages dit « prioritaires », autrement dit très problématiques, augmenter de 24% par rapport à la précédente, pour s’établir à 1374 unités. Le nombre de fermetures annuelles est actuellement de l’ordre d’une centaine. Il demeure 32.900 captages actifs et, selon le ministère de la Transition écologique, la concertation préalable à l’arrêté devrait déboucher sur une liste d’environ 3000 captages « sensibles ».
Vers des AAC en AB ?
La Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), qui estime à 8% (soit 2,2 Mha) la SAU située dans le périmètre des 33.000 captages d’eau potable recensés sur le territoire métropolitain, réclame la sanctuarisation des aires d’alimentation de captages avec l’engagement d’une trajectoire d’arrêt de l’utilisation des pesticides et engrais minéraux de synthèse. Une position que partage la Fnab, qui note que « pas une seule molécule utilisée en bio n’est à l’origine d’un seul cas de pollution de l’eau, et pas un seul cas de pollution aux nitrates (…) On fait comme si on ne connaissait pas les mesures qui permettent de protéger la qualité de l’eau. On perd un temps précieux alors qu’on sait que la bio est la solution évidente pour sauver les aires d’alimentation de captages ».
Les pollutions diffuses génèrent des traitements coûteux (entre 0,2 et 1,2€/m3), qui ne dispensent pas toujours de devoir recourir à mesures dérogatoires aux normes en usage, au champ d’application toujours plus restreint, alors que le changement climatique accroit les tensions sur la ressource, entravant notamment les techniques de dilution.