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Un Plan plastique pour réduire les usages et la pollution
Présenté en marge de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC), le plan gouvernemental vise à réemployer, recycler et réduire l’usage et les impacts du plastique, à l’origine d’une contamination des sols agricoles au moins équivalente à celles des mers et océans.
Réemployer, recycler, réduire : tel est l’esprit du Plan plastique 2025-2030 présenté par le gouvernement en marge de la 3ème Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC), qui se tenait à Nice (Alpes-Maritimes) du 9 au 13 juin. Le plan s’articule autour de quatre principaux axes de progrès : l’éco-conception des produits prenant en compte la recyclabilité et la réemployabilité des emballages plastiques, le développement d'une vision industrielle de l'économie circulaire du plastique, avec des investissements dans des infrastructures de réemploi et de recyclage, le ciblage et l'accompagnement des collectivités pour améliorer la performance de collecte et de tri et enfin une démarche d'exemplarité des acteurs publics et privés dans leur usage des produits plastiques.
La France en retard sur les objectifs européens…
La France produit 4,5 millions de tonnes de déchets plastiques chaque année, soit près de 70kg par an et par habitant : 23% sont recyclées, 41% sont incinérées et 36% sont enfouies. Au total, ce sont près de 100.000 tonnes de plastiques qui terminent leur vie dans la nature, les fleuves et la mer, selon le ministère de la Transition écologique. L’Europe fixe un objectif de recyclage 50% en 2025, puis de 55% en 2030. L’Europe a également fixé un objectif spécifique pour le recyclage des bouteilles en plastiques pour boisson à 77% en 2025 et 90% en 2030. La France n’est actuellement qu’à 55% et ce taux ne progresse pas, voire diminue. Résultat : notre pays doit chaque année verser à l’Europe plus de 1,6 milliard d’euros pour les 1,9 Mt d’emballages plastiques non recyclés.
… mais à l’initiative au plan mondial
Au plan international, les nations se mobilisent pour mettre fin à la pollution plastique d’ici à 2040. A l’occasion de l’UNOC, la France a porté l’adoption de l’Appel de Nice pour un traité plastique mondial, soutenu par 96 pays et don la prochaine séance de négociation est prévue cet été à Genève. Si le plan français ne comporte ni objectifs chiffrés, ni calendrier et n’est assorti d’aucun budget, il entend « agir à la source » pour prévenir et réduire leur production, en travaillant sur l’ensemble du cycle de vie : les modes de consommation, le geste de tri et le recyclage, tant sur les emballages ménagers que sur les emballages professionnels.
L’agriculture, peu consommatrice...
En ce qui concerne l’agriculture, on estime à 2% la part du secteur dans la consommation nationale de plastique, l’élevage concentrant 73% des usages. Selon Adivalor, le taux de collecte des emballages vides, films agricoles, ficelles et filets atteint 79% en 2023 et le taux de recyclage 70%. Selon une expertise scientifique collective INRAE-CNRS publiée en mai, « la contamination totale des sols par les microplastiques est vraisemblablement supérieure à la totalité de celle des océans. Les sources incluent les dispositifs plastiques agricoles comme le paillage, l’épandage de compost et de lisier, l’irrigation et les dépôts atmosphériques sans pouvoir quantifier, en l’état actuel des connaissances, la part exacte de chacune de ces contributions ». L’expertise confirme une étude de l’Ademe, publiée en 2024, révélant la présence « quasi systématique » de microplastiques dans les sols.
... mais significativement impactée
Les microplastiques servent d’habitat pour certains microorganismes qui réduisent la biodiversité microbienne du sol. Ils contaminent la flore et la faune directement via l’environnement ou par transfert le long de la chaîne alimentaire, contaminant d’abord les organismes du sol et les plantes. Chez l’Homme, ils induisent des pathologies du système reproducteur, des inflammations (côlon) et des fibroses (foie, rein, poumon, cœur). En favorisant l’adsorption de nombreuses substances, les microplastiques agissent comme un « cheval de Troie » et véhiculent des contaminants toxiques comme des métaux ou des polluants chimiques. Ils impactent également la qualité de la production des animaux d’élevage (croissance, production de lait). Selon une étude publiée en février dernier dans la revue PNAS, les microplastiques réduisent la photosynthèse chez les plantes et les algues, induisant des pertes de rendement sur des cultures comme le maïs, le blé et le riz, et menaçant la sécurité alimentaire.