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Mercredi 19/11/2025
A J-30 d’une putative ratification, les filières agricoles montent au créneau contre l’accord UE-Mercosur
Dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, les filières bovine, volaille, sucre, éthanol et céréales lui demandent solennellement de mobiliser une coalition d’États membres pour former une minorité de blocage au Conseil de l’Union européenne programmé le 19 décembre prochain, pourfendant les prétendues « lignes rouges » dressées par l’exécutif.
Les clauses de sauvegarde ? « Un leurre et en aucun cas pas un outil de protection mais un dispositif administratif, activable seulement quand le mal est déjà fait dont l’activation suppose de prouver un dommage grave et un lien direct avec les importations, au terme d’une procédure longue, lourde et inadaptée à la vitesse à laquelle les marchés et les filières se déstabilisent ».
L’acte additionnel proposé par la Commission européenne et censé accélérer les procédures ? « Il n’apporte aucune protection économique supplémentaire. Ses seuils de déclenchement - hausse de 10% des volumes ou baisse de 10% des prix - sont purement indicatifs, sans effet contraignant et inapplicables pour certaines filières ».
Les contrôles renforcés ? « Ils sont inexistants dans les faits. Les audits réalisés par la Commission européenne, notamment au Brésil, ont mis en évidence l’utilisation de substances interdites en Europe et des manquements graves, sans qu’aucune mesure corrective n’ait été appliquée. Sans agrément préalable aux importations, il serait illusoire d’y voir une réponse suffisante aux distorsions de concurrence entre nos systèmes de production ».
Tels sont les contre-arguments des filières bovine (Interbev), volaille (Anvol), sucre (AIBS), éthanol (Bioéthanol France) et céréales (Intercéréales) aux contre-feux allumés par les autorités françaises pour préparer les esprits à la ratification prochaine et probable de l’accord commercial entre l’UE. Elle pourrait être scellée le 19 décembre prochain à l’occasion d’un Conseil de l’Union européenne, un peu plus d’an après la conclusion de l’accord entre l’UE et les pays du Mercosur (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay).
Dans la balance : l’exemption de droits de douane pour 99.000 t de viande bovine, 25.000 t de viande porcine, 3000 t d’œufs, 1 Mt de céréales, 180.000 t de sucre et 450.000 t d’éthanol et de maigres contreparties agroalimentaires (produits laitier et vinicole, protection des IG…), à l’heure où se profile le premier déficit de la balance agroalimentaire hexagonale depuis près de 50 ans.
Minorité de blocage
Les filières agricoles ne se bercent donc d’aucune illusion sur les prétendues « lignes rouges » dressées par l’exécutif, en dépit du rejet unilatéral de l’accord, aux plans politique et syndical. « Ces garde-fous ne protègent pas les filières qu’ils prétendent préserver. Ni les volumes d’importation, ni les écarts de normes, ni les conditions de concurrence n’ont évolué depuis la signature du texte en décembre 2024. Ce qui a changé, c’est la position française, et la ligne d’exigence qu’elle défendait jusqu’ici au sein de l’Union », cinglent les filières dans leur communiqué commun, dénonçant les « messages fluctuants » d’Emmanuel Macron, tantôt « positif et vigilant », tantôt sur un « non très ferme ».
C’est pourtant sur ces lignes rouges que l’exécutif misait pour pallier son isolement sur l’échiquier européen et son incapacité à rallier à sa cause des pays de taille pour constituer une minorité de blocage. A moins qu’il ne sorte de sa botte une ultime cartouche le 19 décembre prochain ? C’est en tout cas le vœu et l’injonction des filières, qui demandent au chef de l’Etat « de mobiliser une coalition d’États membres pour former une minorité de blocage au Conseil de l’Union européenne et de refuser toute signature ou application provisoire de l’accord ».