BASF poursuit sa mue agroécologique

L’entreprise renforce ses investissements dans le biocontrôle et s’empare de la décarbonation. Et va bientôt s’essayer au dialogue avec les associations environnementales.

« Le groupe BASF consacre chaque année 2 milliards d’euros en recherche et développement, dont 800 millions d’euros pour le secteur agricole, soit 40% du budget, alors que l’agriculture représente un peu moins de 15% du chiffre d’affaires du groupe ». Quatre chiffres ont suffi à Nicolas Kerfant, directeur général de BASF France Division Agro, pour symboliser le poids de la protection des plantes dans l’activité du groupe, alors même que ce marché est, depuis maintenant cinq années consécutives, orienté à la baisse en France. Une tendance qui traduit, selon Nicolas Kerfant, une « utilisation de plus en plus réfléchie et raisonnée des produits, accompagnée par un grand nombre d’innovations et de systèmes ». Au rang des innovations, le groupe met en avant sa plateforme digitale Xarvio riche d’une palette d’outils d’aide à la décision et bien entendu ses solutions de biocontrôle.

Nicolas Kerfant, directeur général de BASF France Division Agro, lors de la conférence de presse
Nicolas Kerfant, directeur général de BASF France Division Agro, lors de la conférence de presse

15 nouvelles solutions de biocontrôle

Le groupe revendique une antériorité de 25 ans en matière de biocontrôle, avec comme précurseurs les solutions de confusion sexuelles Rak pour vignes et vergers. Elles sont aujourd’hui appliquées sur 75.000 ha en France et l’objectif est d’en couvrir 100.000 d’ici à 2025.

Dans le domaine du biocontrôle, Basf revendique être le deuxième acteur du marché en valeur, avec une part de marché de 12,2% (hors cuivre). Le biocontrôle représente actuellement 6,2% de son chiffre d’affaires en protection des plantes, une part que la firme escompte relever à 15% en 2025, en intégrant les semences et le digital, et à 30% en 2030. D’ici à 2030, le groupe projette la mise sur le marché de 15 nouvelles solutions de biocontrôle, dans les quatre familles de produits (micro-organismes, macro-organismes, substances naturelles, médiateurs chimiques), mais pas de bio-herbicide en vue, selon la firme.

Décarbonation

En 2020, le groupe a dessiné une feuille de route agroécologique reposant sur cinq piliers que sont l’accompagnement des agriculteurs dans la transition (réduction des intrants, plantes services...), la signature de partenariats stratégiques (associations environnementales, écoles supérieures, laboratoires de recherche), la réduction des intrants, la réduction d’impact des produits et l’acculturation collaborateurs à l’agroécologie. En matière de réduction des intrants, la firme annonce une réduction des IFT fongicides sur blé tendre de 14% au crédit des produits à base de Revysol, introduits sur le marché en 2020, et comparativement aux références. Ces cinq piliers sont assortis d’objectifs chiffrés sur lesquels Basf estime être en ligne, un an après leur définition.

Cette année, la firme va ajouter un 6ème pilier à sa feuille de route agroécologique, consistant à prendre sa part à la décarbonation de l’agriculture, avec l’objectif de contribuer à réduire de 30% les émissions par tonne de récolte produite d’ici à 2030.

Sur le sujet, BASF aimerait bénéficier d’un coup de pouce réglementaire, s’agissant des inhibiteurs d’uréase, diminuant les risques de volatilisation de l’azote. Autorisées pour les urées, elles restent proscrites sur les solutions azotées, tout du moins en France. « La France nous demande un dossier d’homologation proche de ceux exigés pour des produits de protection des plantes », s’émeut Jean-Marc Petat, directeur Agriculture durable chez BASF France Division Agro.

Comité de parties prenantes

En 2021, BASF va aussi s’attaquer, à compter de septembre, à une autre tâche, consistant à ouvrir le dialogue avec les associations environnementales, à travers un Comité de parties prenantes. Un chantier au moins aussi sorcier que celui consistant à mettre au point des solutions de protection durables. Réponse dans quelques mois pour savoir si les associations font la moue à la mue agroécologique de l'entreprise.