Bio et HVE : « stop aux guerres fratricides »

« C’est une folie d’opposer les modes d’agriculture », a estimé Julien Denormandie à l’occasion du débat public ImPACtons. Le ministre de l’Agriculture a défendu ses choix pour la prochaine Pac et son ambition pour l’agriculture biologique.

« La bio c’est très bien. La HVE c’est très bien. Je trouve que c’est une folie d’opposer les modes d’agriculture. D’autant que pour beaucoup, ces guerres sont fratricides ». A l’occasion d’une conférence venant conclure le débat public ImPACtons le 7 juin, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a longuement défendu les choix effectués dans le Plan stratégique national (PSN) de la prochaine Pac et notamment sur la question de l’écorégime.

« Certains disent que dans la prochaine Pac, HVE et bio seront traités pareil. Ce n’est pas vrai. Il ne faut pas oublier que dans le deuxième pilier, le seul modèle agricole qui a des aides dédiées est la bio. Et elle est dotée de 340 millions d’euros. Il n’y a pas de budget spécifique pour la HVE », a-t-il exposé.

« Concernant le premier pilier et l’écorégime, qui est la conditionnalité, dire que seul la bio peut avoir accès à la totalité de l’écorégime, cela reviendrait à dire à un agriculteur qui met en place des haies, qui produit davantage de légumineuses, qui fait de la diversification culturale, qui fait des investissements pour la HVE : "c’est très bien ce que vous faites, mais vous n’aurez jamais la totalité des aides directes". Ça ne peut pas marcher », a poursuivi le ministre.

Le ministre a aussi rappelé avoir engagé un travail sur la révision du référentiel HVE. « On sait qu’il faut revoir un certain nombre de critères », a-t-il dit.

Pour Julien Denormandie, opposer la bio et la HVE occulte les autres modes d’agricultures vertueuses mais dénuées de labels. « Je trouve par exemple très important l’agriculture de conservation, qui permet de capter davantage de carbone. Ou encore la culture de légumineuses qui capte l’azote de l’air. Ou encore l’élevage extensif, qui est le meilleur allié du pompier car il permet de débroussailler les sous-bois l’été. Est-ce qu’on considère que l’agneau du Quercy n’a pas d’impact environnemental ? »

Bataille de chiffres

Le ministre a également déploré que les récentes manifestations d’agriculteurs bio ont « été fondées sur des chiffres faux ». « Faire croire qu’on diminue de 66% les aides bio est faux et archi-faux. Dans la prochaine Pac, le poste qui augmente le plus à part les protéines, c’est le bio. L’enveloppe dédiée aux aides à la conversion passe de 250 à 340 millions d’euros. On peut ne pas être d’accord sur l’ambition - certains voulaient 450 millions d’euros - ou ne pas être d’accord sur les instruments - faire le choix de concentrer les financements sur les exploitations bio existantes ou ouvrir à de nouvelles exploitations. Mais faire croire aux Français que le gouvernement réduit de 66% les aides bio alors qu’on les augmente de 36%, je trouve ça totalement irresponsable », a-t-il asséné.

Et de rappeler les objectifs de la prochaine programmation Pac : un pourcentage de 18% de surfaces bio d’ici 2027 et une conversion de 20 000 agriculteurs supplémentaires. « Ma conviction, c’est que les pouvoirs publics doivent accompagner ceux qui souhaitent se convertir ».