- Accueil
- Biodiversité : les 6 objectifs du Parlement européen pour l’agriculture
Biodiversité : les 6 objectifs du Parlement européen pour l’agriculture
Les députés européens ont approuvé le 8 juin à une large majorité une résolution sur "la stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030". Elle s’inscrit dans la lignée des objectifs de la Commission européenne avec notamment une ambition de 25% de surfaces bio et une réduction de 20% des engrais.
Mardi 8 juin, le Parlement européen a adopté une résolution sur "la stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030" par 515 voix pour, 90 contre et 86 abstentions. Elle est destinée à répondre à la crise actuelle de la biodiversité en Europe et dans le reste du monde.
Les députés déplorent vivement que l’UE n’ait pas atteint ses objectifs en matière de biodiversité pour 2020 et demandent qu’un accord, tel que celui de Paris sur le climat, soit conclu pour la biodiversité au cours de la conférence des Nations unies d’octobre 2021, qui définira les priorités mondiales en matière de biodiversité pour 2030 et au-delà.
Sur le volet agricole, ils jugent indispensable « une transformation de l’agriculture de l’UE qui la rende durable, garantisse des normes élevées en matière de bien-être animal, s’inscrive dans les transitions écologique et climatique, et réduise au maximum l’utilisation d’intrants d’origine fossile et chimique ainsi que de traitements antibiotiques ». Ils soulignent que l’agriculture devrait contribuer à la protection et à la restauration de la biodiversité. A cette fin, les eurodéputés estiment qu’il est impératif que les agriculteurs soient soutenus, y compris économiquement, et formés dans la transition vers des systèmes agricoles durables, afin de promouvoir des pratiques agroécologiques, innovantes et durables.
Le Parlement souligne aussi le rôle essentiel de la PAC dans la protection et la promotion de la biodiversité des terres agricoles, et regrette que la PAC ne soit pas parvenue à inverser le phénomène de recul de la biodiversité. Il estime que « les modifications mineures introduites par les différentes réformes de la PAC n’ont pas constitué un message suffisamment fort poussant les agriculteurs à modifier leurs pratiques ». Il rappelle que la productivité et la résilience de l’agriculture dépendent de la biodiversité.
1 - Agriculture bio
La Parlement exprime son soutien à l’objectif de la Commission pour 2030 consistant à affecter au moins 25% des terres agricoles à l’agriculture biologique et affirme que ce chiffre devrait être revu à la hausse à moyen et à long terme. Il rappelle que le développement de la production alimentaire biologique doit aller de pair avec le développement du marché et des chaînes d’approvisionnement ainsi qu’avec la stimulation de la demande en denrées alimentaires biologiques, notamment au moyen de marchés publics et d’un large éventail de mesures de promotion, de recherche, d’innovation, de formation, de transfert de connaissances scientifiques et de soutien aux jeunes agriculteurs biologiques, dans le but de garantir la stabilité du marché des produits biologiques et la rémunération équitable des agriculteurs.
2 - Intrants
Le Parlement salue les objectifs de la Commission visant à réduire de 50% l’utilisation des pesticides plus dangereux et chimiques et de 50% les pertes de nutriments lors de l’utilisation de fertilisants, avec pour résultat une réduction d’au moins 20% de l’utilisation de fertilisants d’ici à 2030.
Il souligne que pour réduire les besoins en pesticides et parvenir à réduire encore l’utilisation des pesticides chimiques et les risques associés, les agriculteurs doivent avoir à leur disposition davantage de solutions et de méthodes de substitution pour une protection des cultures efficace, abordable et respectueuse de l’environnement. Il recommande à cet égard de « favoriser l’adoption de techniques de contrôle culturales, physiques et biologiques, de nouveaux pesticides à faible risque et de biopesticides, de techniques d’application plus efficaces facilitées par des outils, tels que l’agriculture numérique et de précision, les modèles épidémiologiques, un éventail plus large et amélioré d’options de variétés résistantes utilisant moins d’intrants, et des systèmes de formation et de conseil renforcé en matière de recherche et d’innovation, notamment dans les pratiques agricoles agroécologiques ».
Les députés s’opposent à ce que l’utilisation du glyphosate soit renouvelée après le 31 décembre 2022.
Ils considèrent que la dérogation envisagée à l’article 53, paragraphe 1, du règlement (CE) nº 1107/2009(87) doit être clarifiée et ne doit être appliquée que pour des raisons sanitaires et environnementales. Ils déplorent que cette dérogation soit utilisée pour « affaiblir l’interdiction de toutes les utilisations en extérieur de trois néonicotinoïdes », comme celle utilisée pour les betteraves.
3 - Haies
Le Parlement invite les États membres à mettre en place, au titre de leurs plans stratégiques relevant de la PAC, les mesures nécessaires pour promouvoir les zones riches en biodiversité, dont les éléments de paysage, l’objectif étant d’arriver, en superficie, à 10% ou plus de zones à haute diversité bénéfiques pour la biodiversité, telles que les haies vives, les bandes tampons, les zones dans lesquelles aucun produit chimique n’est utilisé et les terres temporairement mises en jachère, ainsi que les terres agricoles extensives consacrées à la biodiversité sur le long terme. Il souhaite que les États membres facilitent l’interconnexion entre les habitats et créent autant de corridors verts que possible, afin d’optimiser le potentiel de biodiversité.
4 - Abeilles
Les eurodéputés réitèrent leur appel pour que l’initiative européenne sur les pollinisateurs soit rapidement révisée « afin d’inclure un système ambitieux qui permettrait leur surveillance à l’échelle de l’UE ». Celui-ci établirait des objectifs et des indicateurs clairs pour arrêter le déclin de la population de pollinisateurs, ces derniers étant essentiels à l’environnement et à la sécurité alimentaire. La résolution invite les États membres à inclure dans leurs projets de plans stratégiques des mesures ciblant différents groupes de pollinisateurs.
5 - Loup
Le Parlement se dit conscient des problèmes dus à la coexistence de l’élevage de bétail avec les grands carnivores dans certains États membres. Il invite par conséquent la Commission et les États membres à « prendre des mesures adéquates pour remédier aux conflits socioéconomiques liés à la coexistence avec de grands prédateurs, telles que des mesures de prévention et de compensation, et ce afin d'assurer leur protection ». Il relève l’existence de lignes directrices précises pour la mise en œuvre de ces mesures conformément à la directive 92/43/CEE, dont l’hybridation du loup.
6 - Clauses miroir
Le Parlement demande à la Commission et aux États membres de garantir que les produits agricoles importés de pays tiers répondent à des normes identiques et font l’objet de contrôles efficaces.